A la Mostra de Venise, Brian De Palma s’est exprimé sur l’avancement de son projet ayant pour toile de fond l’affaire Weinstein
Environ un an après avoir annoncé qu’il commençait à travailler sur un film inspiré de l’affaire Weinstein, De Palma a confirmé le 2 septembre, dans le cadre du festival de Venise, l’avancement de ce projet. Il aurait fini d’écrire le scénario de Predator, qu’il avait présenté l’été dernier comme « un film d’horreur dont l’intrigue se situera dans un contexte de harcèlement sexuel à Hollywood et se déroulera pendant le festival du film de Toronto« .
Predator, un film de genre
Le réalisateur américain ne tourne plus beaucoup depuis les années 1980. Alors que son dernier film, Domino, a eu un accueil critique très mitigé et ne sortira en France qu’en DVD, la nouvelle a de quoi titiller la curiosité des fans. Le producteur français Saïd Ben Saïd, qui l’avait accompagné sur son précédent long-métrage Passion (2012) et qui a produit Elle de Paul Verhoeven, n’a pas fait marche arrière et sera bien aux commandes.
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Le site a Deadline a rapporté les déclarations du réalisateur américain, pour qui le scandale Weinstein « est une histoire intéressante à raconter. De plus, j’aime le drame à suspense et j’ai créé un scénario partiellement fondé sur certains des cas réels rapportés dans le New York Times. Mais c’est fondamentalement un film à suspense qui utilise cela comme toile de fond historique. » De Palma a presque toujours eu recours au film de genre, ce qui lui permet de filmer les excès propres aux intrigues qu’il met en scène : le fantastique avec Phantom Of The Paradise (1974), l’horreur avec Carrie au bal du diable (1976) ou le thriller avec Obsession (1976), Pulsions (1980) ou Blow Out (1981). Predator sera-t-il un film d’horreur, comme il l’annonçait il y a un an, ou un thriller à suspense ?
Le voyeurisme comme thématique directrice
Le sujet sera en tout cas l’occasion pour lui d’explorer une thématique qui a traversé sa carrière : celle du voyeurisme, qui se rattache aussi à l’omniprésence des caméras dans la société américaine. Le scandale Weinstein, qui a éclaté fin 2017, a ceci de paradoxal que le producteur prédateur a harcelé pendant de nombreuses années des personnalités du monde du cinéma, très exposées médiatiquement, sans jamais en être réellement inquiété. Ce monde de l’image par excellence qu’est l’industrie hollywoodienne a su – et les actrices ont dû… – dissimuler les méfaits d’un voyeur protégé par son aura.
Avec Predator, De Palma pourrait, à travers les mécanismes de la fiction, donner à voir cette facette passée sous silence d’Hollywood. Spécialiste de la manipulation des images, il donnerait ainsi une image aux manipulations de Weinstein. Un projet pertinent dans une société marquée par le mouvement #MeToo.