Deux jeunesses auscultées en série : l’une testostéronée avec quatre losers de 25 ans, l’autre très bande de filles sur la voie de la maturité.
Les séries françaises n’ont jamais pris au sérieux la jeunesse, au point qu’on avait renoncé à voir un jour des personnages – et des créateurs ou créatrices – de moins de 30 ans prendre la parole et occuper l’écran. Après Les Grands (actuellement en tournage de sa troisième et dernière saison), qui navigue sur des terres adolescentes, Vingt-cinq confirme que sous nos latitudes seule OCS s’intéresse de près à la question.
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Voici une comédie dont les épisodes de trente minutes sont écrits et réalisés par Bryan Marciano, 29 ans, qui y interprète aussi le personnage principal, Jeremy. Ce dernier est un genre d’oiseau tombé du nid de l’enfance. Largué par sa copine, il comprend qu’après un quart de siècle tout reste à faire. Ses trois potes ne sont pas mieux lotis.
Sûre de ses effets et précise dans la mise en scène comique de la lose, la série emprunte leurs pas incertains, à coups de punchlines angoissées (“Moi, je rêve de rien”) et de constatations pince-sans-rire sur les joies du marché du travail circa 2018 : “J’ai eu une promotion : un job à 1 500 euros.”
Plaisante et plutôt fine, habitée par vingt ans de séries générationnelles américaines et par le puissant désir d’autoportrait de son auteur, Vingt-cinq réussit à ne pas paraître forcée. Elle se révèle même surprenante dans le déploiement de certains personnages secondaires.
Une envie de montrer malgré tout que les mecs “restent des mecs”
Reste un souci majeur. Pour expliquer son approche, Bryan Marciano a raconté ceci : “J’ai voulu décrire une génération où les mecs d’aujourd’hui sont les filles d’hier. Ils ont peur, doutent, se briefent et se débriefent. Ils peuvent chialer sur leur oreiller mais ils parlent. Difficilement parce que ça reste des mecs, mais ils se parlent.”
Cette envie de montrer malgré tout que les mecs “restent des mecs” limite la série, qui s’imagine, dans ce contexte, dispensée de proposer des personnages féminins incarnant autre chose que des conquêtes dénudées et néanmoins insondables, ou de douloureuses déceptions sentimentales. “Boys will be boys” (expression anglaise qui équivaut à notre “il faut bien que jeunesse se passe”), le refrain du “mâle en point” est connu.
Pour voir des jeunes femmes marcher vers le monde des adultes, la seule solution en France s’appelle Loulou. La web-série d’Arte a mis en ligne sa deuxième saison où l’héroïne, à peine trentenaire, a accouché de son enfant – sa grossesse surprise avait structuré la saison 1.
A la fois actrices principales et scénaristes
Louise Massin, Alice Vial et Marie Lelong sont à la fois actrices principales et scénaristes (en compagnie notamment de Géraldine de Margerie), ce qui donne à la série un généreux sens du groupe et une pertinence générationnelle. Sauf que Loulou ne peut proposer que des épisodes d’environ cinq minutes, pour des raisons de moyens, ce qui circonscrit son ampleur narrative dans les eaux du sketch amélioré.
On aimerait en voir plus. On devrait en voir plus. Mais aucune jeune voix féminine n’est aujourd’hui autorisée en France à approfondir son histoire sur le long cours. En plus de Vingt-cinq, OCS avait déjà abordé la crise d’un trentenaire immature avec l’amusante Irresponsable. Houston, on a un problème.
Vingt-cinq Sur OCS à partir du 25 octobre
Loulou En ligne sur Arte.tv
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