Le 3 août, Bruno Kaïk, 51 ans, a dû être hospitalisé à Nantes, suite à sa violente interpellation par des policiers de la Brigade anticriminalité. “Mediapart” publie une vidéo qui en témoigne.
La scène se déroule le 3 août, lors de la marche blanche organisée en hommage à Steve Maia Caniço. Ce jour-là, une vidéo fait déjà le tour des réseaux sociaux. On y voit un homme à terre, inconscient, entouré de trois policiers en civil. Il s’agit de Bruno Kaïk, 51 ans, un traducteur interprète en langue anglaise, qui vit à La Rochelle. A l’époque, Libération contacte la police, qui affirme qu’il a été hospitalisé car “il était incommodé par les gaz lacrymogènes”. La victime accuse pourtant un policier de l’avoir “étranglé jusqu’à l’étouffement”.
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Je n'ai pas la source de cette vidéo mais on y voit clairement le baqueux ( qui a remis son brassard !!) Et vous voyez dans quel état ils ont mis cet homme !!! Le 03/08/19 NANTES pic.twitter.com/eDnRYeeRzA
— MGL France ( lelly gijabet) (@LGijabet) August 5, 2019
Plainte pour tentative d’homicide
Mediapart revient longuement sur cette affaire, avec une vidéo choc qui montre un policier de la BAC (Brigade anticriminalité), le visage masqué, serrer de sa main, puis de son bras, le coup de M. Kaïk, avant qu’il ne tombe.
Violemment interpellé par des policiers de la Brigade anticriminalité le 3 août, Bruno Kaïk, 51 ans, a dû être hospitalisé. Sur la vidéo que Mediapart publie, un policier lui serre la gorge et l’étrangle avec son bras, contredisant la version de la police. https://t.co/iT274y4mhd pic.twitter.com/xAcaNVPoRR
— Mediapart (@Mediapart) September 3, 2019
Le compte rendu médical de son hospitalisation établit que le “patient [a été] interpellé par [la] BAC lors d’une manifestation, a reçu plusieurs coups […], a présenté une perte de connaissance”. Bruno Kaïk a porté plainte pour tentative d’homicide, et le parquet de Nantes vient d’ouvrir une enquête préliminaire.
“Les policiers ne faisaient rien pour lui venir en aide”
Mathilde, la professeure des écoles qui a filmé la vidéo depuis son appartement, ne peut oublier “l’image de cet homme à terre, menotté, qui haletait pour chercher de l’air. J’ai été très inquiète ensuite pour sa santé parce qu’il a commencé à avoir des convulsions”.
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Grégory, un photographe de 34 ans qui couvrait la manifestation, a aussi assisté à la scène, et s’étonne de l’attitude des policiers : “Ce qui m’a interpellé, c’est que les policiers ne faisaient rien pour lui venir en aide. Ils étaient davantage préoccupés par les témoins et ils nous ont demandé de partir de façon agressive. L’un d’eux me marchait sur les pieds alors que je reculais. C’était absurde. Ils ont même placé un caddie de supermarché devant cet homme pour le cacher”.
“Ni adaptée ni justifiée”
Un policier formateur interrogé par Mediapart est formel au sujet de la technique d’étranglement utilisée : “Non seulement elle est mal maîtrisée, mais elle n’est ni adaptée ni justifiée. La personne ne montre ni de signe d’opposition ni de dangerosité. C’est donc disproportionné.”
Comme nous l’expliquait Jérémie Gauthier, sociologue spécialiste de la police, la BAC n’est pas formée au maintien de l’ordre : “Les agents de la BAC, qui sont pour la grande majorité des gardiens de la paix, ne sont pas des professionnels du maintien de l’ordre.” D’où des dérives régulières.
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