Jean-Pierre Léaud dans le rôle d’un acteur devant jouer l’agonie ; un film lumineux sur des thèmes très sombres.
Jean-Pierre Léaud et la mort, deuxième épisode. Après le Roi-Soleil d’Albert Serra (La Mort de Louis XIV), cadavre en sursis figé dans son lit terminal, voici l’acteur Jean, imaginé par le cinéaste japonais cinéfrancophile Nobuhiro Suwa. Sur un sujet voisin, difficile de faire deux longs métrages plus différents. A l’enterrement en grande pompe baroque et allégorique de Serra succèdent ici une vivacité, une transparence, une simplicité et un ludisme qui ont plus à voir avec l’enfance et la vie qu’avec la dramaturgie de l’agonie.
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Ça débute par un film dans le film : Jean doit jouer la mort et ne sait pas trop comment faire. Puis sa partenaire étant indisponible, on interrompt le tournage pour une durée indéterminée. Jean en profite pour aller voir une vieille amie dans la région – c’est Isabelle Weingarten, de La Maman et la Putain. Fausse piste : Suwa ne s’attarde pas sur la mythologie eustachienne et recherche plutôt une enfance de son art. Jean atterrit dans une maison et tombe sur un groupe d’enfants qui tourne son premier film, un polar en huis clos. L’essentiel du film est consacré à cette rencontre entre l’ancien gamin des 400 Coups devenu septuagénaire et ses lointains successeurs.
C’est un festival de jeux, de farces et attrapes, de cinéma pratiqué dans le dépouillement, l’allégresse, la spontanéité, avec un petit fond de mélancolie – les films dans le film contaminant le film lui-même. Derrière cette joie enfantine, les questions sérieuses sur la mort (et l’amour) demeurent. A la fin, le film reviendra sur son interrogation du début : comment jouer la mort ? On ne dévoilera pas la réponse. Evidemment, Léaud est génial (et tout sauf mort), alors que Suwa confirme sa fibre pour un cinéma ludique et grave, léger, profond, semi-improvisé, marqué par le cinéma français moderne qu’incarne son acteur.
(France, 2017, 1h43)
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