Couronné d’une Victoire 2018 en catégorie musiques électroniques, Dominique Dalcan signe un nouvel album qui échappe à l’uniformisation.
“Tout vient à point à qui sait attendre”, comme dit l’adage. Dans le circuit musical depuis 1991, Dominique Dalcan aura patienté trois décennies avant de recevoir une Victoire pour “l’album de musiques électroniques” en février dernier, rejoignant ainsi Laurent Garnier, Air, Justice ou Kavinsky au palmarès. Une récompense méritée pour ce chanteur et musicien libre qui connut les affres de l’industrie du disque et qui venait, encore une fois, de changer d’alias avec Temperance.
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Basé essentiellement sur des improvisations vocales, ce projet répond à une nouvelle signature, entre songwriting et soundwriting. “Ce sont des morceaux très écrits et à vocation populaire au sens littéral du terme, même si la première écoute ne le révèle pas forcément… J’ai toujours composé avec cette liberté, avant parfois de trop formater les chansons. De ce point de vue, les deux disques de Temperance me ressemblent vraiment”, insiste l’intéressé, jovial mais toujours un peu inquiet.
Un éventail de genres
Paru cet automne, le second volume de Temperance est à la fois immédiatement accrocheur, puissamment évocateur et simplement éblouissant. Traversé par un souffle rare – comme si Scott Walker avait rencontré Prefuse 73, comme si James Blake avait remixé The Blue Nile –, Temperance#2 s’écoute à la maison ou en concert, où son auteur a réalisé des films à rebours des images frénétiquement animées de l’époque. L’album fait la part belle aux ballades r’n’b charnelles (Seeking for You), aux plages digitales futuristes (Whatever She Wanted) et aux tubes pop électroniques (Come on Yeah, trois minutes irrésistibles). Avec le single Done Enough for Your Man, dont le clip met à l’honneur Valérie Kaprisky, icône des années 1980, Dominique Dalcan évoque en filigrane le mouvement MeToo.
Un projet à l’encontre de l’uniformisation
Au final, Temperance#2 est le prolongement d’une discographie passionnante aux ramifications plurielles : “Je fonctionne en rhizomes, un album en appelle un autre et ainsi de suite. Derrière les étiquettes, qui répondent à des périodes, chaque dénomination est une nouvelle mutation : Temperance n’est rien d’autre que la suite de Snooze. En vérité, j’ai l’impression de faire toujours un peu le même disque depuis presque trente ans.” Une endurance qui s’accommode bien avec Temperance, projet transversal à l’encontre de l’uniformisation des tendances musicales et sonores. Et c’est sans doute sur ce terrain-là que Dominique Dalcan tient sa plus belle victoire.
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