Un règlement de comptes qui fait beaucoup de bruit pour rien.
En 2012, après quelques très brèves apparitions chez Xavier Beauvois (N’oublie pas que tu vas mourir) et Laurence Ferreira Barbosa (La Vie moderne), Cédric Kahn, cinéaste, devenait acteur chez Elie Wajeman (Alyah), et il faut l’avouer, un acteur tout à fait bon. La réussite offerte par cette belle intuition l’aurait-elle convaincu de devenir le personnage de ses films ? Soutenons l’idée.
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Avec Fête de famille, le voici donc derrière et devant la caméra dans la peau de Vincent, enfant d’une fratrie agitée, emprisonnée le temps d’un week-end dans la demeure familiale. Avec un titre pareil, qui pourrait enclore tout un spectre du cinéma français ayant fait des retrouvailles familiales calamiteuses le terreau de ses œuvres, Fête de famille s’annonce comme un règlement de comptes bordélique, une sorte de variante d’Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin ayant gardé à sa tête – le geste est élégant et symbolique – sa reine mère, Catherine Deneuve.
Pourtant, c’est vers un autre cinéma et cinéaste que se dirige Cédric Kahn, et même plutôt vers une scène unique. Il s’agit de celle aussi iconique qu’endurante du repas d’A nos amours, au cours de laquelle Maurice Pialat, maître incontesté du réalisateur de Bar des rails, renversait par sa seule présence la dramaturgie de son film, réajustant instantanément les contours de son scénario devant les yeux ébahis de ses comédiens qui, parce qu’ils ignoraient la manigance de l’acteur et metteur en scène, étaient forcés d’inventer un autre jeu, une autre histoire.
En adoptant ce double rôle, Kahn semble lui aussi se rêver comme le chef d’orchestre omnipotent de son propre film, capable d’aménager dans son champ tous ses désirs. Mais à la sidération que provoquait une telle scène tout à coup brisée dans son élan se substitue ici un sentiment de gêne. Kahn, incapable de prendre la main sur ses comédiens en roue libre, gesticule davantage qu’il ne mène une troupe visiblement bien en mal de comprendre tout l’enjeu de ce chahut absurde.
Fête de famille de Cédric Kahn avec lui-même, Catherine Deneuve, Vincent Macaigne, Emmanuelle Bercot (Fr., 2019, 1 h 41)
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