En plongeant dans ses archives, Ray Davies a découvert des pépites à ajouter au cultissime album de 1968, The Kinks Are the Village Green Preservation Society. Rencontre.
A 74 ans, Sir Raymond Douglas Davies, après une nouvelle production sous son nom (Our Country: Americana, Act 2), annonce la parution d’un album des Kinks : “J’ai mis la main sur un grand nombre de bandes inachevées, avec des bouts de refrains, des chansons pas terminées, et je me suis dit que ce serait fantastique de mettre un point final à ces chansons.” Et les nostalgiques de saluer, pour le cinquantième anniversaire de sa sortie initiale, la réédition dans tous les formats possibles de l’emblématique The Kinks Are the Village Green Preservation Society.
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Village Green (espace vert dévolu, dans les petits patelins, au farniente ou aux festivités locales) conte le destin de gens de peu et s’impose, malgré un échec commercial patent (hier), comme un album culte (désormais). Mais le leader des Kinks considère que les jours enfuis n’ont pas de prise sur lui : “Parfois, cela prend du temps pour qu’un album soit reconnu, et ce qui arrive à celui-ci est formidable. Pour moi, la musique et le temps qui passe n’ont que peu de rapport.”
Une pression difficilement gérable
“Village Green consacre évidemment la fin d’une période. Bien sûr, en premier lieu, parce que le bassiste Pete Quaife (décédé en 2010 – ndlr) quitte le groupe l’année suivante. Mais cela a également été une période difficile pour nous, financièrement, psychologiquement et affectivement, précise l’enfant de Muswell Hill. Nous subissions une pression difficilement gérable. Alors, je me suis concentré sur le projet de l’album, en n’écoutant pas du tout de musiques venues d’ailleurs. Depuis cinq ans, les Kinks avaient assuré des tournées exténuantes, et affronté l’ostracisme des Etats-Unis, le tout avec de fortes tensions naissantes. Je me suis replié sur moi-même. Avec les albums sortis auparavant chez Pye Records, nous avions été catalogué groupe à singles. J’ai donc voulu démontrer ma maturité, avec une collection de chansons nourries d’un thème fédérateur. En ce sens, vous n’avez pas besoin d’avoir les pieds dans l’herbe pour ressentir l’atmosphère du disque ! Cela implique une attitude très méditative. Après tout, c’est la caractéristique de ma génération de s’inventer un destin, une vie, un contexte. Je suis né juste après la Seconde Guerre mondiale, et mes parents ont traversé des moments tragiques…”
Ray Davies, seul maître à bord
Autre caractéristique du disque : chanteur, auteur, compositeur et producteur, pour la première fois Ray Davies se retrouve seul maître à bord. “A cette époque, je voulais un contrôle complet sur mon art, ce qui a eu deux conséquences : énerver au plus haut point la compagnie de disques, et ravir les autres membres du groupe. Ces derniers se sont impliqués dans les sessions, apportant chacun leurs suggestions, leurs enrichissements. Village Green est aussi une histoire d’amitié !”
Et une histoire plus complexe qu’il n’y paraît : “Ce n’est pas un musical dans le registre d’Hollywood. J’étais à Paris la semaine dernière, pour l’exposition Klimt. Et c’est ce qu’est Village Green : une exposition, une présentation de différentes chansons. Je pense que Village Green ouvre vers des paysages en lien étroit avec la littérature. Cela s’entend dans les chansons, et le message qu’elles contiennent. J’ai tenté, avec le tout, de transcender la musique populaire à l’usage des gens ordinaires grâce à ces airs qu’ils pouvaient entendre à la radio. J’ai voulu créer une profonde unité entre tous les paramètres de chaque chanson. Et pourtant, c’est un disque excessivement personnel. En tout cas, je pense que c’est l’un des meilleurs disques des Kinks, simplement supplanté par Muswell Hillbillies (1971). Savez-vous pourquoi ? Ce disque est avant tout un état d’esprit, et vous pouvez y pénétrer tel que vous êtes !”
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