Ses photographies manient les couleurs pastel, le féminisme et l’absurdité à la perfection. La jeune photographe belge, et réalisatrice des clips d’Angèle déteste par contre le jaune fluo et la comptabilité, mais voue un culte à la nourriture. Quelques jours avant la sortie de son livre « Maurice, Tristesse et rigolade », Charlotte Abramow se confie sur ses premiers symptômes.
Quel est le premier geste que vous faites au réveil ?
Charlotte Abramow – J’essaie de bien vérifier qu’on est dans la réalité et pas dans un rêve. Je fais souvent des rêves très réalistes où je me réveille dans ma chambre. Alors le vrai réveil est toujours confus… Puis je me réfugie dans la chaleur des bras de mon amoureux pour mieux me rendormir car j’ai beaucoup de mal à me lever.
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Qu’est ce qui vous obsède ?
Manger. C’est assez fou mais c’est vraiment quelque chose qui m’anime et m’excite. Je n’étais pas forcément comme ça quand j’étais plus jeune, je pense que c’est la vie à Paris qui m’y a tant donné goût… La question : « qu’est-ce qu’on va manger ? » est existentielle chez moi.
Qu’est ce que vos parents ne vous ont pas appris ?
La comptabilité. Bon, ça n’est peut-être pas forcément à eux de me l’apprendre… Mais disons, des choses d’ordre pratique, utiles dans la vie quotidienne. Ils ne sont vraiment pas les rois de l’organisation et j’ai un peu hérité de cela. Dans ma famille, on est plutôt des contemplatifs qui peuvent buguer des heures en regardant un mur.
Quel est le goût de votre enfance ?
Belle-île en Mer. Ses senteurs, ses atmosphères, une certaine brise qui me rappelle mon enfance car j’y ai vécu de mes 8 à 13 ans après y avoir été tous les étés depuis mon plus jeune âge. J’y ai mes plus beaux souvenirs.
Quelle est la couleur que vous ne porteriez jamais ?
Le jaune fluo. J’adore le jaune, c’est probablement ma couleur préférée, mais le jaune fluo a quelque chose de détestable. C’est assez traître pour le sourire en plus. Il faut reconnaître que cette légère nuance de vert vibrante injectée dans ce jaune clair, c’est juste bon pour surligner des notes de cours ou des dates d’échéance de paiement.
Quel est l’endroit où vous retournez et que pourtant vous détestez ?
La Belgique. Non je rigole, j’aime la Belgique. Mais il est vrai que j’ai eu une relation d’amour/haine de la Belgique toute particulière… C’est à dire que ce pays, on l’aime quand on le quitte et qu’on peut y revenir. Mais quand j’y vivais, je n’étais pas très fan. J’avais l’impression de vivre dans une grisaille générale, de tourner en rond. Avec le recul et le fait de vivre à Paris, je (re)découvre les petites merveilles de la Belgique : son surréalisme total, ses expressions, sa sympathie, sa simplicité, son absurdité, ses maisons parfois improbablement moches, ses gens particulièrement chaleureux et pleins d’autodérision…
Quelle scène de film connaissez vous par cœur ?
Kuzco – « Un lama ? Il devrait être mort ! » – Bon, ça fait pas très cinéphile de répondre ça mais Kuzco pour moi sort du lot car je le trouve vraiment drôle. L’absurdité d’un empereur changé en lama. J’aime beaucoup les dessins animés car ils m’apaisent, je suis encore une enfant pour dire vrai.
Quel est Le film / le disque / l’artiste qui vous met hors de vous ?
Je pense qu’il s’agit de Inglorious Bastards de Quentin Tarantino. Ce film me contrarie dans mes sentiments. Il y a une part de moi qui le déteste bien qu’il y ait quelque chose de jouissif, bien sûr, à voir des bourreaux se faire dégommer… La réalisation est folle mais le concept du film me dérange par rapport à tout le travail qui a été fait avec le procès de Nuremberg et la volonté d’établir les poursuites pour crimes contre l’humanité : « Justice n’est pas vengeance. » Je crois que j’ai du mal à accepter que la vengeance soit un réflexe primitif et viscéral…
Qu’est ce qui ne vous plait pas chez vous ?
Mes pieds plats, informes, longs, fins, qui coulent parterre. On dirait qu’on a coupé mes jambes pour y placer deux espèces de planches en guise de pieds.
Que faites vous quand votre créativité est bloquée ?
Je bad. Mais en général, ça passe, il faut juste se donner un peu le temps de vivre quelques jours, et arrêter de réfléchir.
Propos recueillis par Fanny Marlier
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