Dans deux albums d’anticipation, le duo argentin Diego Agrimbau / Lucas Varela et le Néerlandais Pim Bos dévoilent leur vision d’un lointain avenir.
Et si la solution à la situation actuelle – crise climatique, finitude des énergies fossiles – était d’attendre un demi-million d’années afin que les écosystèmes terrestres soient rétablis ? C’est la conviction de deux chercheurs, June et Robert, qui choisissent d’hiberner en orbite autour de notre planète avant d’y faire leur retour séparément et de s’y retrouver pour incarner les nouveaux Adam et Eve.
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“L’Humain”, une réussite de bout en bout
A leur propos, on ne parlera pas de héros – leur plan de départ subit vite des accrocs. D’ailleurs, leur histoire, les Argentins Diego Agrimbau et Lucas Varela ont choisi de la raconter en adoptant le point de vue d’un autre personnage, Alpha, un des robots qui accompagnent les scientifiques. C’est à travers ses yeux froids que l’on (re)découvre la Terre, habitée par des grands singes et primates rouges.
Le graphisme séduisant de Varela ainsi que son découpage habile rendent fascinante la visite de cette planète si peu familière. Alpha ne sert pas seulement de guide mais aussi de boussole morale : c’est elle la première qui ressent de l’empathie pour les singes et garde en vue l’objectif de la mission.
Avec un peu d’humour – voir la scène où les robots tentent de nourrir Robert –, cette fable d’anticipation à plusieurs étages prend le temps de traiter par la fiction ses enjeux – rapport à la nature, statut de l’intelligence artificielle –, ce qui rend sa lecture gratifiante jusqu’au bout.
“Tremen”, un récit muet déstabilisant
En revanche, il est tout à fait possible de refermer Tremen l’air interloqué, en se demandant si on ne l’a pas halluciné. Plusieurs visites seront nécessaires pour dissiper un peu le mystère et trouver de vagues repères dans cet univers futuriste rempli de créatures inhumaines et d’appareils étranges où règne un silence glaçant. Venu du monde du jeu vidéo, le Néerlandais Pim Bos synthétise des influences éparses – le film Stalker de Tarkovski ou Edward Hopper, qu’il cite le temps d’une image.
Parrainé par Philippe Druillet et Marc Caro (qui signent respectivement l’avant-propos et la postface), il imagine autour d’un voyageur et sa monture un récit muet saisissant comme – à son époque – Arzach de Mœbius.
L’Humain (Dargaud), traduction de l’espagnol (Argentine) par Christilla Vasserot, 144 p., 21 €
Tremen (Dargaud), 64 p., 14,99 €
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