Victime du “Trump derangement syndrome”, l’éditorialiste prend le pas sur le romancier.
Bien avant qu’il n’accède à la présidence, Trump a connu une ascension qui a fait rêver les romanciers. Suite aux forfaits de Philip Roth et de Tom Wolfe, Salman Rushdie pouvait espérer réaliser le hold-up littéraire de la décennie : pour un écrivain passé maître dans l’art de décrypter le présent au travers des mythologies de l’Antiquité comme de celles d’Hollywood, les foucades et incartades du milliardaire représentaient une occasion de signer le grand livre d’une Amérique en proie à une crise des identités sexuelles autant que politiques.
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Las : victime du “Trump derangement syndrome” – selon lequel l’allergie au bonhomme entraîne dans les meilleurs esprits un risque de brouillage –, Rushdie oublie ici d’être romancier. Ou plutôt ne l’est que trop peu et tardivement.
Si un thriller incisif se cache sous forme de flash-backs dans son livre (et à Bombay), il faut, pour y parvenir, affronter 350 pages de nombrilisme new-yorkais, de didactisme pesant et d’analyses mille fois lues. Confondre dialogues et pensums sur la gender fluidity pour les nuls n’étant pas le meilleur moyen de dynamiser une intrigue alambiquée à l’excès, la bête noire de Rushdie
La Maison Golden (Actes Sud), 416 p., 23 €
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