Une tentative de retournement des clichés de l’antisémitisme par le rire : bonne idée, mauvais timing.
Yvan Attal (dans son propre rôle) va voir un psy (Tobie Nathan, vrai et grand ethnopsychiatre). Sa femme le trouve obsédé par les Juifs et surtout par le retour de l’antisémitisme en France, dont il a l’impression qu’il est le seul à le voir.
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Yvan se présente comme français, juif, bourgeois, de gauche et pense que la judéité est quelque chose d’intime dont il n’a pas à se prévaloir. Mais il a peur. “Ils sont partout”, phrase antisémite notoire, est ici joliment retournée : “ils”, ce sont les antisémites.
Ses séances chez le psy (passionnantes, émouvantes et drôles) alternent avec des sketches plus ou moins longs et plus ou moins drôles (un peu lourdingues) mettant en scène et/ou démontant les fantasmes antisémites les plus courants : “tous les Juifs ont de l’argent”, “les Juifs s’entraident”, “ils détiennent tous les postes de pouvoir”, etc.
La rupture du 13 novembre
C’est là où le bât blesse. L’entreprise d’Attal est louable (on sent son investissement total dans ce projet très singulier) et il est impossible de nier, sur la base de chiffres avérés, qu’il existe une résurgence de l’antisémitisme dans notre pays, qu’elle est évidemment inadmissible.
Mais la vision de son film pâtit d’un événement historique qui fait écran : depuis le 13 novembre, nous n’avons plus très envie de rire des haines aveugles qui s’abattent partout au sein de l’humanité. Mauvais timing. Attal n’y peut évidemment rien.
Ils sont partout d’Yvan Attal (Fr., 2016, 1 h 51)
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