Quatre récits touchants de l’adolescence en lutte pour la survie sociale.
Avec sa raideur, sa découpe tranchée, son débit hypnotique de longs plans fermement cadrés à l’intérieur desquels une violence inéluctable gonfle sourdement, Emir Baigazin évoque volontiers une sorte de Haneke kazakh – le goût pour la perversion en moins, et c’est tant mieux.
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Sécheresse de ton, puissance picturale tranquille (tant celle des paysages arides que celle des visages graves et renfermés qui y circulent) sont au programme de ce second film (après le très apprécié Leçons d’harmonie en 2013) qui confirme également un penchant notable pour l’allégorie.
Un constant étourdissement
Quatre histoires se succèdent, mettant toutes en scène un enfant ou un adolescent confronté à un dilemme opposant son aspiration à une vie meilleure (perfectionner son chant, devenir chirurgien, aller à l’école…) et sa survie sociale à court terme (se faire accepter des impitoyables bandes de street kids, travailler pour subvenir aux besoins familiaux…).
On craignait la lourdeur, et pourtant la grande économie figurative de cet Ange blessé arrive à lui conférer une étonnante gracilité. Suspendu dans une quasi-abstraction, comme en constant étourdissement, le film se noue avec une remarquable souplesse à son sujet. Un auteur à ne pas perdre de vue.
L’Ange blessé d’Emir Baigazin (Kaz., 2014, 1 h 52)
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