Lancinante et minimaliste, une pépite slowcore par un Américain discret.
Seul derrière le pseudonyme de Rivulets depuis les origines du projet à l’aube des années 2000, l’auteur-compositeur Nathan Amundson a déjà collaboré avec Low, ses aïeuls évidents, mais aussi avec des membres de Shellac, Swans, The Magnetic Fields et Codeine, en plus d’avoir mis en musique un poignant hommage à Jason Molina (Ride on, Molina, disponible sur l’album précédent de Rivulets).
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Un songwriting ténébreux, feutré et foudroyant
Son CV impressionne, tout comme sa discographie à rallonge (en autoproduction ou sur différents labels, dont Chairkickers’ Union, le propre label de Low), et on en vient fatalement à se demander comment on a pu si longtemps passer à côté de cet artisan du slowcore – ce mouvement né dans les nineties qui se caractérise par un minimalisme permanent, un rythme plutôt engourdi et des textes mélancoliques. C’est d’autant plus incompréhensible quand on mesure la qualité de son songwriting ténébreux, tour à tour feutré ou foudroyant, tourné vers un folk minimaliste ou vers un rock sous haute tension.
Basé à Denver, le trop discret Nathan Amundson sort aujourd’hui son sixième album, In Our Circle, après avoir rejoint récemment l’écurie très sélect du label bordelais Talitres. Ce diamant noir, signé avec l’encre la plus sombre qui existe, n’en finit pas d’envoûter patiemment, un morceau après l’autre, pour peu à peu envelopper ses auditeurs d’une étreinte réconfortante.
Un disque d’humeur nocturne
La pochette montre le bord de l’eau en pleine nuit (Rivulets signifie “petits ruisseaux” en français), avec des lumières qui se reflètent à la surface, et on s’y croirait en écoutant cet album d’humeur nocturne, dont les échos de guitares électriques semblent résonner au milieu de nulle part et faire ondoyer les flots à travers la brume. Comme le titre l’indique, In Our Circle nous accueille dans son cercle d’âmes sensibles pour qui la musique n’a jamais été un simple passe-temps divertissant, mais plutôt une question de vie ou de mort. Si certaines des paroles de cet album reprennent les codes, désespérés, du slowcore (Dark Days, Because I Don’t Care…), son morceau de clôture, Lucky, s’ouvre sur une lumière remplie d’espoir.
“Vous ne pourrez pas retourner en arrière”, répète Nathan d’une voix habitée sur You Can Never Come Back, l’un des sommets de cet album, et on est effectivement convaincu qu’après l’avoir écouté, on ne voudrait pour rien au monde retourner à l’époque maudite où on ne connaissait pas encore Rivulets.
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