Une grosse baston numérisée, anonyme dans sa facture et ultra efficace dans son exécution.
Un film personnel mais raté vaut-il mieux qu’un film impersonnel réussi ? Vous avez 2 heures 30, la durée désormais canonique de tout film de superhéros qui se respecte… Parce que c’est tout de même un peu long, voici la réponse : oui la plupart du temps, non dans ce cas précis. Sorti un mois après Batman vs. Superman (plutôt personnel et raté), ce Captain America: Civil War (impersonnel et plutôt réussi) vient vigoureusement gifler son voisin, qui semble avoir copié.
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Deux mêmes thématiques
De façon troublante, les deux films posent en effet la même question : les superhéros n’attirent-ils pas fatalement, par défi, les superméchants et leur lot de destructions ? Que reste-t-il alors sous les décombres des villes ravagées, lorsque les demi-dieux sont rentrés à la maison, repus et acclamés ? Il reste des morts, par milliers, anonymes sur qui les caméras, toutes dévolues au “destruction porn” depuis quinze ans, n’ont pas pris le temps de s’arrêter.
Ce constat, qui donnait lieu aux meilleures séquences du film de Zach Snyder, permet également aux frères Russo de signer une belle première demi-heure dépressive, aux basques du toujours parfait Robert Downey Jr./Iron Man, qui ne peut davantage consoler une mère éplorée qu’apaiser sa propre mémoire entachée. Et comme il ne parvient pas non plus à mettre d’accord ses troupes (augmentées d’un tas de nouveaux Avengers, dont un Spider-Man encore rebooté) sur la marche à suivre, s’ensuit une guerre fratricide.
Marvel > DC
Si le film se lance rapidement sur les rails de la grosse baston numérisée, c’est aussi là que Marvel montre sa supériorité sur DC : sans génie mais parfaitement huilé, leur film réussit à être malin, léger, tonique, fidèle aux attentes – tout ce que n’était pas Batman vs. Superman. Une implacable machine hollywoodienne, en somme.
Captain America: Civil War d’Anthony et Joe Russo, (E.-U., 2016, 2 h 26)
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