Un documentaire qui donne à voir toute la dimension politique – et festive – du vin naturel.
Disons-le tout de go : ce n’est pas sa forme apparente (très banale, cependant baignée de musique, notamment punk – le titre est évidemment une référence au London Calling de The Clash) qui nous fait nous intéresser à ce film. Quoique. Parce qu’au-delà du côté un peu décoratif de la mise en scène, le montage s’emploie à développer quelque chose d’important sur le vin et notre époque. Ceux qui connaissent le vin naturel, sujet du film, n’apprendront sans doute rien. Ceux qui n’y connaissent rien, énormément.
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Mais, bien au-delà, Wine Calling est un film générationnel et politique, qui met en avant des femmes et des hommes qui ont décidé de retourner aux sources de la vigne, en n’employant aucun des dizaines de produits chimiques autorisés aujourd’hui par la réglementation française et européenne – tout comme François d’Assise prônait un retour à la pauvreté de l’Eglise. Mais nulle religion chez ces gens-là (quadra et quinquagénaires), seulement de la passion, de la rigueur (la plupart semblent avoir un sacré caractère !), et surtout quelque chose qui va totalement à l’encontre de l’idéologie libérale qui ne cesse de nous rabâcher, depuis au moins trente ans, que les hommes de l’avenir auront trois ou quatre métiers dans leur vie…
Ces vignerons-là, “installés” dans le Languedoc-Roussillon, ont parfaitement conscience du choix de vie qu’ils font, risqué, qui ne peut trouver un aboutissement qu’à condition de le prolonger tout le long de leur existence, soit sur des dizaines d’années de travail patient. Ensuite, ils y prennent un plaisir manifeste aussi : “Ce qui est bien avec le vin naturel, dit l’un des viticulteurs avec un sens de la provocation délicieux, c’est qu’on sait qu’on peut en boire beaucoup le soir et que le lendemain, on pourra aller travailler sans la barre au front.” Belle promesse.
Wine Calling de Bruno Sauvard (Fr., 2018, 1h30)
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