Grâce à un jeu de formes et d’abstraction, ce vieux récit de naufragé retrouve des couleurs.
↵
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après un naufrage, une famille échoue sur une île et apprend à y survivre en respectant la morale de l’époque. A la fin du XVIIIe siècle, le pasteur Johann David Wyss, sans doute inspiré par le Robinson Crusoé de Defoe, écrit Robinson suisse, un récit aussi divertissant que didactique d’abord destiné à ses enfants. En 1813, Isabelle de Montolieu le traduit en langue française en esquivant ses aspects trop moralistes, puis écrit une suite.
Justement, le Suisse Alex Baladi s’empare de ce que la femme de lettres a imaginé et signe une adaptation d’une grande liberté qui débute au chapitre 40. Au lieu de se montrer littéral, le dessinateur privilégie l’abstraction et les symboles pour mieux dépeindre un microcosme et ses habitants – à commencer par la peur de l’autre et la folie religieuse qui plombent le père.
Revisité avec nos yeux du XXIe siècle, Robinson suisse prend un autre sens, souligné par un travail graphique antinaturaliste. Utilisant du papier découpé, de l’acrylique et du feutre, Baladi met en place un festival de formes et de couleurs. Inspiré par la pop sixties et le film Yellow Submarine, il renouvelle de manière éclatante l’imagerie d’un récit que l’on aurait pu croire enlisée.
Robinson suisse (d’après le livre d’Isabelle de Montolieu) (Atrabile), 112 p., 22,50 €
{"type":"Banniere-Basse"}