Le 10ème arrondissement s’apprête à devenir un centre névralgique et dynamique de l’innovation et de la durabilité de la mode française grâce à l’ouverture, en 2021, de la Caserne Paris.
Au croisement entre la rue Philippe de Girard et la rue de l’Aqueduc, dans le 10ème arrondissement, vous aurez peut-être remarqué une imposante ancienne caserne de pompiers, inoccupée depuis trop d’années. Plus pour longtemps cependant. Construite en 1877, la caserne Château Landon s’apprête en effet à devenir un acteur majeur du quartier, mais également de la ville de Paris. Après d’importants travaux, déjà en cours, ouvrira le premier « accélérateur de transition écologique » de France et un espace entièrement dédié à la mode responsable.
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C’est la mairie qui initie le projet en 2018, à travers un appel aux candidatures, dont le point central est d’offrir à la capitale un nouvel espace consacré à l’innovation dans le secteur de la mode. Les 3000 mètres carrés de la caserne auront donc pour but de positionner Paris en acteur avant-garde de la transition écologique. Une transition nécessaire et à laquelle le secteur de la mode dans son ensemble devra faire face dans les prochaines années. Rappelons en effet que l’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante avec plus de 1,2 milliards de tonnes de gazs à effet de serre émis tous les ans.
Ce projet, crucial pour envisager de transformer les modèles de production de ce secteur, est porté par Maeva Bessis, à qui l’on doit son fort accent sur la durabilité, et par le concept store parisien l’Exception, sur impulsion de son investisseur l’Impala, groupe industriel accompagnant les marques dans leur développement.
Les acteurs majeurs de la mode parisienne
Soutenue par tous les acteurs majeurs de la mode parisienne, notamment la Fédération de la mode et de la haute couture, Paris Good Fashion ou encore l’Institut français de la mode, la Caserne entend devenir un centre névralgique, attirant scientifiques, entrepreneurs, designers et penseurs. Ouvert à tous, le lieu contiendra différent espaces, dont 1500 mètres carrés ouverts au public et aux riverains du quartier. Le collectif parisien Le Consulat s’installera, quant à lui, sur le toit pour proposer des activités festives et de dynamisation du lieu, et l’espace acceuillera également une bibliothèque partagée ainsi que des salles de cours, permettant un ancrage important des activités de l’esprit et de la réflexion théorique sur la mode. Le restaurant, fourni localement, sera un espace de rencontres et de discussions pour les locataires de l’espace comme pour le voisinage.
Un “accélérateur de transition écologique”
Mais l’activité centrale de la Caserne Paris est bien celle d’« accélérateur de transition écologique », comme le définit sa conceptrice et directrice générale Maeva Bessis. Le but est d’accompagner des marques, déjà existantes et attractives, et de repenser entièrement, en trois ans, leur modèle de production pour qu’elles puissent devenir totalement durables. « La première année, il faudra prendre des matières mieux sourcées, plus qualitatives mais donc plus chères. Et accepter de faire quelques sacrifices, notamment sur les marges, pour proposer un produit de meilleure qualité et plus respectueux de notre planète. »
Pour Bessis, Paris est entré dans un moment-clé : « Les gens comprennent que l’achat d’un vêtement est comme un mini bulletin de vote, on choisit l’avenir de nos enfants, en mettant peut-être quelques euros de plus pour avoir un t-shirt produit dans de bonnes conditions avec des fibres qui ne polluent pas à outrance. »
Maeva Bessis conçoit donc un lieu qui veut toucher toutes les sphères de la mode française, du luxe aux marques de pointe, de l’industrie à la théorie sociologique en passant par l’ingénierie textile.
Aspect intellectuel et impact territorial
Dans ce cadre, la nécessité de prendre en compte l’aspect intellectuel et de recherche de la mode est cruciale pour envisager une mode durable et éthique. Les différents acteurs de ce développement intellectuel à Paris essaient en effet de rattraper le retard sur les fashion studies, dû à un snobisme académique considérant longtemps la mode comme un objet trop superficiel pour devenir sujet de recherche. Alors que de l’autre côté de la Manche, la Central Saint Martins ouvrira à la rentrée prochaine un master en biodesign, Paris doit offrir un point de ralliement aux initiatives déjà présentes sur notre territoire.
Ainsi, la Caserne est un point positif pour le rayonnement et l’innovation de la mode française, qui dédie aussi tout un espace à la question de la fashion tech (les textiles et techniques à la pointe de l’innovation, permettant de limiter les pertes et de produire de façon plus responsable).
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Au delà, le projet de la Caserne met au centre de ses préoccupations son impact territorial sur ce secteur du 10ème arrondissement encore enclavé, et ce à travers des tentatives d’intégration des publics, notamment des communautés indienne et bangladaise très présentes entre Gare du Nord et la Chapelle. « Les habitants du quartier ont l’impression que cette caserne leur appartient, elle doit donc rester un lieu d’ouverture et de discussion où tout le monde est le bienvenu. Il y aura d’ailleurs des cours de sport et évènements ouverts à tous », précise Maeva Bessis.
La Caserne Paris, apparaît donc comme un projet ambitieux qui saura, on l’espère, redonner un rayonnement à la mode parisienne, en travaillant de concert avec les grandes villes européennes, ces problématiques ne pouvant plus raisonnablement être considérées uniquement à l’échelle nationale.
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