Moderne, joueuse et ultra-efficace, la musique des New-Yorkais retrouve de sa superbe sur un huitième album au fort pouvoir euphorisant.
Sans être un ratage complet, Shake the Shudder (2017) n’était pas de ces albums qui ont la générosité et la folie que l’on aimerait pouvoir leur associer. A force de sauter partout, Nic Offer et sa bande semblaient essoufflés, incapables de séduire ou de se réinventer très clairement une fois leur stock de révérences faites aux années 1980 épuisé. Deux ans plus tard, Wallop a beau avoir été enregistré dans les mêmes conditions, dans l’appartement de Nic Offer à Brooklyn, ce nouvel album rectifie le tir et permet à Chk Chk Chk de trouver un nouveau souffle.
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Retour à un style plus immédiat
Comment ? En allant piocher dans le catalogue foisonnant et éclectique des années 1990, s’inspirant aussi bien des élucubrations fiévreuses de Madchester et de la techno que du trip-hop, de l’electronica et du hip-hop le plus endiablé – Rhythm of the Gravity, sorte de rencontre fantasmée entre les déluges sonores de The Prodigy et les gimmicks vocaux de Timbaland.
Les rythmes sont hédonistes, le chant extatique et les refrains en capacité de tenir en haleine n’importe quel dance-floor, mais il se joue à l’évidence autre chose au sein de ces quatorze morceaux, quelque chose de plus profond. Gentrification, paranoïa, chaos politique : les thèmes abordés sur Serbia Drums, UR Paranoid, Domino ou encore My Fault n’ont rien de foncièrement léger. Ils témoignent au contraire d’une formation bien plus concernée socialement que ses tubes sudatoires au groove imparable pourraient le laisser penser, qui joue une dance-music aussi boostée aux énergisants que contrariée par les inégalités du monde alentour.
On pourra bien évidemment tiquer, prétendre que Wallop pèche parfois par excès ou regretter que Chk Chk Chk manque de subtilité par instants – les “nanananana” dans le refrain de $50 Million… Cela permet toutefois de rétablir une vérité : c’est bien lorsqu’ils délaissent le maniérisme et reviennent à un style plus immédiat que ces doux fantaisistes portent le mieux leurs costumes d’ambianceurs. Ainsi ce In the Grid qui semble émaner directement d’un vieux carton échoué dans la Mersey après la fermeture de l’Haçienda.
Wallop (Warp/Differ-Ant)
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