Le tourment psychologique des Palestiniens confrontés à l’adversité quotidienne. Un processus d’oppression qui s’éternise.
Quelques semaines après le point de vue de l’Israélien de gauche Amos Gitaï sur l’état de la Palestine et la situation en Cisjordanie (dans A l’ouest du Jourdain), ce documentaire français donne la parole aux Palestiniens. Partant des traumatismes subis par les Arabes de la région, constamment harcelés, contrôlés, malmenés par les autorités israéliennes – comme le décrit la psychiatre Samah Jabr, directrice du centre médico-psychiatrique de Ramallah –, le film revient sur ce que tous les Palestiniens appellent “la colonisation”.
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Il est ponctué par des réflexions en voix off de la doctoresse Jabr, qui n’a pas de mots trop durs pour décrire cette oppression permanente subie par les Palestiniens (voire les tortures infligées à certains en prison). Mais en même temps, le film donne l’impression d’un éternel recommencement (un peu comme le film de Gitaï). Au lieu de s’en tenir au présent, on récapitule à nouveau le processus d’implantation des Juifs en Palestine, et l’expulsion des autochtones dont la tragédie a été baptisée Nakba (“catastrophe” en arabe) – terme désignant l’exode de 1948, à la création de l’Etat d’Israël. Un ressassement à double tranchant.
S’il est nécessaire d’entretenir la mémoire, surtout dans le domaine historique, on en arrive aujourd’hui à une sorte de point mort ; on a l’impression que tous les efforts de paix des décennies précédentes ont été vains et que rien n’avance. Mais ce n’est qu’une impression. Malgré ce sentiment de stagnation, malgré la ligne ultradure du gouvernement israélien actuel (déplorée par Gitaï lui-même), les Palestiniens bénéficient de nombreux soutiens, et parviennent à faire entendre leurs voix. Ce film en est une preuve.
Par ailleurs, il révèle quelques particularités inédites de la cause palestinienne. Par exemple l’existence d’une association de “Palestinian Gay Women” (ASWAT). Plus étonnant encore, le discours d’un chrétien, Theodosius de Sebastia, archevêque de l’Eglise orthodoxe grecque de Jérusalem, également palestinien, qui clame sa solidarité avec les Arabes. Donc, si c’est un documentaire de plus sur le sujet, il contribue tout de même à approfondir la question et, sans offrir un réel espoir, il complète notre vision de la situation.
Derrière les fronts : résistances et résilience en Palestine d’Alexandra Dols (Fr., 2017, 1 h 53)
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