Seize ans après Embrassez qui vous voudrez, dont il reprend des personnages, Michel Blanc revient à la mise en scène. Grosse fatigue.
L’absence de grâce de Voyez comme on danse n’est pas sans rapport avec celle qui plombait déjà tristement une autre comédie chorale d’auteurs de prestige de la comédie française : Place publique d’Agnès Jaoui. Même sentiment d’une mécanique grippée dont chaque embrayage crisse ; même exercice routinier d’un savoir-faire trop sûr de ses effets ; même devenir-ersatz généralisé – des procédés, des formes, des comédiens bien sûr, essorés de retrouver encore les mêmes emplois.
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On danse encore certes, mais la farandole revêt un caractère vaguement spectral, plus glaçant que drôle. La faible réussite de cette comédie époumonée n’est de toute façon pas l’endroit où culmine l’embarras qu’elle procure. Ce qui gêne vraiment ici, au moins tout autant, peut-être plus encore, que dans Embrassez qui vous voudrez, c’est la perpétuelle rétractation des velléités libertaires et libertines de Michel Blanc dans les solutions scénaristiques les plus platement conformistes.
Ici, la possibilité d’une paternité avec un enfant non biologique et étranger se dissipe au profit d’un horizon familial bien normé. Là, une jeune femme transgenre prise dans les rets d’un classique vaudeville est exfiltrée in extremis du marigot adultérin tandis que la révélation de son sexe d’origine tombe comme une ultime tuile sur la tête déconfite du mari infidèle. “Voyez comme on s’encanaille” serait un titre plus juste – mais voyez surtout comme passé la danse, on regagne vite le banc des conventions les plus strictes.
Voyez comme on danse de Michel Blanc avec Karin Viard, Carole Bouquet, Charlotte Rampling, Jean-Paul Rouve, William Lebghil (Fr., 2018, 1 h 28)
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