Parmi les 511 romans qui paraissent entre août et octobre, nombre d’auteur·trices français·es s’imposent comme des voix très contemporaines, posant un regard acéré sur le monde d’aujourd’hui. Avec des découvertes passionnantes.
Antiracisme, féminisme, violences policières, stratégie politique à l’usage des forces d’émancipation : ces quinze essais de la rentrée vous donneront du grain à moudre.
Les Gilets jaunes, l’impuissance de la politique… Les écrivain·es attendu·es comme Alice Zeniter, Eric Reinhardt ou Laurent Mauvignier ou les découvertes Fatima Daas, Hadrien Bels et Thomas Flahaut (toutes et tous à retrouver en entretien ci-dessous) s’emparent des phénomènes sociaux. La rentrée 2020 est différente : elle est plus anxieuse et engagée que jamais.
A 25 ans, Fatima Daas s’impose comme la révélation de la rentrée avec La Petite Dernière, une autofiction qui pulse comme un rap ou une incantation, où la narratrice oscille entre l’intérieur et l’extérieur, sa famille d’origine algérienne et la France, sa sexualité et l’islam, jusqu’à trouver sa juste place. C’est-à-dire s’autoriser à ne pas choisir.
Avec Histoires de la nuit, Laurent Mauvignier met en scène un thriller dans la France des Gilets jaunes, et décrit une réalité sociologique avec subtilité et complexité. Du grand art.
En mettant en scène un jeune assistant parlementaire et une hackeuse dans son roman Comme un empire dans un empire, Alice Zeniter interroge différentes facettes de l’engagement politique dans une France en crise.
Un jeune journaliste enquête sur la façon dont le gouvernement français a abandonné l’invention d’internet aux Américains. Avec Comédies françaises, Eric Reinhardt signe son roman le plus politique et le plus acerbe sur le pays, la droite, le lobbying.
Marseillais pur jus, Hadrien Bels signe l’un des premiers romans les plus excitants de la rentrée. Chronique punchlinée de l’embourgeoisement de sa ville, Cinq dans tes yeux sonne comme une ode au Marseille des nineties et aux minots du Panier.
Après Ostwald, un premier roman social et postapocalyptique remarqué, le jeune Thomas Flahaut revient avec Les Nuits d’été, fiction dans laquelle il continue d’ausculter le désarroi de la classe ouvrière française.
A découvrir aussi nos critiques de Yoga, oscillation entre dépression et rédemption d’Emmanuel Carrère, de Chavirer dans lequel Lola Lafon retrace le destin d’une jeune danseuse abusée par des adultes, du vertigineux monologue des Lionnes signé Lucy Ellmann, du recueil d’essais de Jonathan Franzen au titre programmatique Et si on arrêtait de faire semblant ?, des chroniques entre lyrisme et humour noir de l’Islandais Jón Kalman Stefánsson dans Lumière d’été, puis vient la nuit, de la Venise revisitée par Manuele Fior dans Celestia, du Hollywood ségrégationniste que dénoncent Loo Hui Phang et Hugues Micol dans Black-Out et l’édito-plaidoyer de Nelly Kaprièlian pour que les libraires restent ouvertes. Bonne rentrée à toutes et tous !