Un trip socio-gore avec l’auteur des Fleurs du mal en zombi syphilitique dans le Paris gentrifié d’aujourd’hui.
Drôle d’idée que de mixer Les Fleurs du mal et The Walking Dead. C’est pourtant le pari que relève Eric Chauvier, anthropologue de formation et écrivain farfelu. Le projet ? Ressusciter Baudelaire dans le Paris ubérisé des start-up, des smartphones et des réseaux sociaux.
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Voici donc le dandy poète précipité dans le Marais gentrifié. Zombifié pour l’occasion, clochardisé même, syphilitique et loqueteux, il traîne son spleen dans la foule des hipsters, dealers, putes et instagrameuses contournées. Lui qui avait chroniqué la naissance du Paris moderne au mitan du XIXe siècle, assiste, en paria, à la mutation folle de la ville en enfer consumériste,
inégalitaire et ultra sécuritaire. Devenu “une pure anomalie dans la foule parisienne”, l’ancien jouisseur est moqué, tabassé, arrêté, émasculé. Déporté dans un purgatoire banlieusard ravagé par le crack, il mue en bête sanguinaire et cannibale.
Entre délire sociologique et trip gore, ce court texte barré et jouissif est l’occasion pour son auteur irrévérencieux de confronter la précieuse poésie du dandy à la trivialité d’une époque désenchantée. Revenant mis au ban, poète plus maudit que jamais, le zombie Baudelaire devient, sous la plume de Chauvier, le héraut moderne de “tous les damnés de la ville”.
Le Revenant (Allia), 80 p., 7,50 €
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