Un huitième album qui perpétue la légende, à coups d’expérimentations méticuleuses et d’innovations audacieuses.
A l’heure où les carrières se font et se défont, un groupe de rock ressemble à un rêve amer dont on se réveille lorsqu’un des fondateurs brise cette alchimie. Peut-on imaginer The Beatles sans McCartney (mort depuis 1966, selon certaines sources) ou New Order sans Peter Hook (mort depuis 2006, selon d’autres) ?
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S’agissant de Liars, Aaron Hemphill (guitare, entre autres) s’est fait la malle trois ans après le départ de Julian Gross (batterie), et Angus Andrew roule désormais en solo. Fondé à l’aube des années 2000, le trio a toujours affirmé sa singularité à travers chacun de ses albums. Après l’euphorie des débuts à New York, les bruits blancs à Berlin et les visions noires à L. A., Angus Andrew a mis le cap sur l’Australie, son pays d’origine, pour composer Theme from Crying Fountain (TFCF), le huitième album de Liars, donc.
Avec le départ d’Hemphill, la solitude s’est visiblement accrue et le grand dadais a laissé libre cours à l’innovation. S’il avait ouvert les portes du sample sur WIXIW et Mess, pas question de se limiter à faire joujou avec des sons. Afin de défier l’ennui, il a “écouté le monde comme une vaste composition musicale”, selon le précepte du compositeur R. Murray Schafer, et s’est initié au field recording pour enregistrer cris d’oiseaux et autres notes du bush australien.
En conservant sa volonté farouche de foncer tête baissée vers l’inconnu, Angus Andrew fascine par sa capacité à développer des atmosphères empreintes de textures naturelles peu habituelles chez Liars. L’Australien s’obsède en intégrant une guitare acoustique, un instrument mal adapté à l’impureté, pour magnifier la toute-puissance d’un chant envoûtant mêlé aux rythmiques schizophrènes.
Le résultat surprend mais confirme Liars comme un des projets les plus puissants de ces dernières années. TFCF, album semi-autobiographique et “triste”, selon Angus Andrew, marque par sa créativité et son ambition. Moins de bruit, moins de fureur, mais toujours autant de plaisir, Theme from Crying Fountain reste la meilleure excuse pour passer la fin de l’été à l’ombre.
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