Actrice chez Bresson, Eustache, Ruiz ou Wenders puis grande photographe de plateau, Isabelle Weingarten est morte à l’âge de 70 ans.
Modèle, actrice et photographe, Isabelle Weingarten est décédée ce lundi 3 août des suites d’une longue maladie, nous apprend Le Film Français. Elle s’est fait connaître premièrement en tant que mannequin, posant pour les photographes les plus en vogue des années 1960-1970 : Guy Bourdin, Steve Hiett ou encore Deborah Turbeville. Ses traits sous les maquillages futuristes de Serge Lutens, apparaîtront dans une série de photographies inspirées des grands maîtres de la peinture exposée au musée Guggenheim de New York en 1973.
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A travers une de ses photos nues, Robert Bresson la découvre en 1971 et décide de lui offrir le premier rôle dans Quatre nuits d’un rêveur (1972), son adaptation des Nuits blanches de Dostoïevski. Elle y incarne Marthe aux côtés de Guillaume des Forêts. Eustache lui offre ensuite le second rôle de Gilberte dans La maman et la putain, en 1973. La même année, elle choquera les spectateurs de l’ORTF, incarnant une belle au bois dormant dénudée dans le film de Robert Maurice.
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Une grande photographe de plateau
Son itinéraire est atypique et Isabelle Weingarte exercera plusieurs carrières professionnelles : elle était également une excellente photographe de plateau, une activité qu’elle débute en 1976 lorsqu’elle demande à Bresson de l’engager sur Le Diable probablement. Elle photographie par la suite tous les films d’Olivier Assayas – son compagnon à l’époque – jusqu’en 1996. Elle collabore également avec Jean-Pierre Limosin, André Téchiné, Claire Denis, Anne Fontaine ou Darezhan Omirbaev. Elle affectionne les compositions intimistes et le format du portrait, effectue des reportages photographiques pour Les Cahiers du cinéma, Vogue ou encore Télérama. Elle avait offert les tirages de sa collection et l’intégralité de ses archives à la Cinémathèque Française en 2008.
Actrice également chez Benoît Jacquot (Les enfants du placard en 1977), Raoul Ruiz (Le territoire en 1981), Wim Wenders (L’état des choses en 1982) – son conjoint à l’époque – ou encore chez Manoel de Oliveira (Le Soulier de satin en 1985), ses rôles au cinéma se font plus rares par la suite. Elle retrouve tout de même Jean-Pierre Léaud en 2017, se glissant dans la peau de son ancienne amie dans Le lion est mort ce soir de Nobuhiro Suwa. Enfin, elle mène parallèlement une carrière au théâtre de 1971 à 1986, jouant du Claudel pour Daniel Mesguich.
Les photographes Pierre et Gilles, qui l’avaient imaginée en Sainte Vierge en 1988, lui ont rendu hommage sur Instagram :
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