En 2016, Zoe Saldana interprétait l’immense chanteuse dans le biopic Nina. Grimée pour le rôle, l’actrice dominico-américaine avait été accusée de blackface.
Dans une récente interview vidéo relayée par le Huffington Post, Zoe Saldana s’excuse d’avoir accepté le rôle de Nina Simone. Interrogée par Steven Canals, le créateur de Pose, l’actrice admet : « Je n’aurais jamais dû jouer Nina. » Pour interpréter le rôle, il avait fallu que l’actrice porte une prothèse afin d’avoir un nez plus large, une perruque, puisqu’elle n’a pas les cheveux crépus, et surtout qu’on fonce sa peau avec du maquillage. Un geste lourd de sens, le blackface (le fait de se peindre le visage pour « ressembler » à une personne noire) étant une pratique historiquement associée au racisme. Né au XIXe siècle aux Etats-Unis, le blackface apparaît sous la forme de minstrel shows, des spectacles dans lesquels des acteurs blancs se peignaient le visage en noir pour tourner en ridicule des personnages noirs.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
>> A lire aussi : la critique de la série qui évoque la pratique du Black Face, Dear White People
« Il n’y a pas une seule façon d’être noire«
À l’époque, face aux critiques, l’actrice s’était défendue en prétextant s’identifier en tant que femme noire et latina de par ses origines (son père est dominicain, sa mère portoricaine). « Il n’y a pas une seule façon d’être noir », avait-elle lancé à ses détracteurs. En outre, l’actrice défendait le fait de pouvoir interpréter « une autre femme noire« .
Un point particulièrement sensible, car comme le rappelait Libération au moment de la polémique, Nina Simone a précisément été victime de « colorisme », une stigmatisation systématique des femmes à la peau la plus sombre. « Un thème abordé par Simone dans la chanson Four Women » ajoute le quotidien.
Du colorisme au whitewashing
La polémique révèle aussi le whitewashing à l’œuvre dans une telle démarche. Car, même si Zoe Saldana n’est pas une femme blanche, lui donner le rôle de Nina Simone invisibilise les personnes aux peaux plus foncées. Des actrices, ayant la même carnation que la chanteuse, et probablement moins connues que l’actrice d’Avatar, sont sûrement passées à côté du rôle.
Choisir Saldana plutôt qu’une actrice noire, c’est donc participer à l’invisibilisation de certaines personnes dites « minoritaires » (même s’il s’agit beaucoup moins de démographie que de pouvoir). Comment sortir de la « norme blanche » dans de telles conditions ? Même la réalisatrice choisie pour ce biopic n’est autre qu’une femme blanche (Cynthia Mort). Or, Zoe Saldana en convient aujourd’hui les larmes aux yeux : Nina Simone « méritait mieux ».
>> A lire aussi : Pourquoi le blackface n’est pas « maladroit » mais raciste
>> A lire aussi : Lisa, la fille de Nina Simone se confie : “Ma première influence, c’est ma mère”
{"type":"Banniere-Basse"}