Qu’ils viennent de tous les coins de l’Hexagone et qu’ils donnent dans la pop lo-fi, le garage, le post-punk ou le shoegaze, ces dix groupes prouvent qu’ils sont meilleurs que le vin anglais.
RENDEZ VOUS
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S’ils distribuent les claques depuis leurs débuts avec deux premiers ep radicaux – Rendez-Vous en 2014, Distance en 2016 –, les Parisiens se sont enfin décidés à porter le coup fatal. Leur tant attendu premier album, Superior State, prévu pour le 26 octobre, a visiblement été taillé pour mettre tout le monde K.O. Les cinq bagarreurs de RENDEZ VOUS ont pris leur temps pour parfaire les enchaînements. À l’image des deux premiers extraits qu’ils ont laissé fuiter, DOUBLE ZERO et SUPERIOR STATE, ils continuent de frapper fort et refusent de rester enfermés dans la case qui leur a été rapidement attribuée.
Si le post-punk et la coldwave imprègnent les compositions, RENDEZ VOUS a su s’approprier toute une palette de sonorités eighties pour élaborer un son unique, moderne et nuancé. L’atmosphère est pesante, la tension palpable et l’obscurité toujours aussi prégnante. Il va falloir encaisser ce qui pourrait bien être l’un des grands albums de rock français de l’année.
Brace ! Brace !
L’heure du premier album a sonné pour les quatre gaillards de Brace ! Brace ! Après deux ep prometteurs, Worries, paru en 2014 sur Freemount Records et Controlled Weirdness, sorti en 2017 sur Howlin’ Banana, il était temps qu’ils lâchent un premier disque digne de ce nom. Chose faite puisque ledit LP est prévu pour le 12 octobre (toujours sur Howlin’ Banana) et se dévoile d’ores et déjà avec Whales, un titre gorgé d’indie pop surmonté d’un soupçon de psychédélisme.
Sur ce premier disque, Brace ! Brace ! continue de nourrir sa weird pop d’influences piochées aussi bien dans l’indé 90’s que dans le rock psyché, le garage ou la pop de ces dernières années. Au fil du disque, le groupe emprunte des chemins de traverse, se jouent des genres pour mieux brouiller les pistes et élaborer de délicieuses mélodies bigarrées. Le résultat est brillant d’inventivité et hautement addictif, la faute à toutes les effluves illicites qui s’en dégagent.
Le Villejuif Underground
En décembre 2016, six mois après la sortie de leur premier album sur SDZ Records, les quatre branleurs de Villejuif s’acoquinent avec Born Bad pour livrer l’hymne le plus cool du Val-de-Marne. Armé d’une boîte à rythmes et d’une vieille Tascam 38 chopée sur Le Bon Coin, le quatuor frôle le sublime avec Le Villejuif Underground, morceau d’ouverture de leur dernier ep, Heavy Black Matter. Sur fond de guitares crasseuses, le poète australien Nathan Roche confesse ses problèmes de visa avec une nonchalance sans pareille et dévoile son quotidien de clandestin des bas-fonds du 9-4 dans un phrasé exquis.
Paisibles et décontractés, Antonio, Adam, Thomas et Nathan ont depuis écumés pratiquement toutes les scènes de France et d’Europe jusqu’à pousser en Chine pour une tournée grandiloquente. La sortie d’un premier album sur l’écurie Born Bad se murmure depuis des mois. Et ce n’est pas Backpackers, leur dernier titre lâché cet été, qui fera taire les rumeurs.
MNNQNS
En 2013, Adrian quitte sa Normandie natale pour suivre un échange universitaire à Cardiff, au Pays de Galles. Après avoir arpenté les salles de concert du coin, le jeune Rouennais décide de monter un groupe de rock à guitares et réunit une première formation dès son retour en France. Sous l’appellation MNNQNS, le groupe livre en 2016 un premier ep, Capital, qui fleure bon le punk new-yorkais des années 1970 et toutes les effluves similaires de le scène britannique.
Deux ans plus tard, MNNQNS remporte le dernier Prix Ricard S.A Live Music, signe sur FatCat, le label de Brighton qui compte Sigur Rós et Animal Collective dans son catalogue, et balance un deuxième ep. Avec Advertisement et ses quatre titres taillés pour donner des courbatures à n’importe quel auditeur, Grégoire, Félix, Marc et Adrian sont désormais rodés pour passer à l’étape du premier album. Il faudra toutefois attendre la fin de leur imposante tournée, puisque la bande a pris la route jusqu’en janvier.
TH Da Freak
Inutile de rappeler la réputation de Bordeaux en matière de rock. Ce n’est donc pas un hasard si l’une des dernières sensations made in France nous vient tout droit de la cité girondine. Après s’être fait remarquer en 2017 avec The Freak, un album nourrit au grunge et à la pop culture 90’s, sorti en version cassette chez Howlin’ Banana, Thoineau Palis aka TH Da Freak s’est mis en tête de sortir des disques à un rythme effréné.
Les ep Garage Punk Songs For Doggos et Infandous ont rapidement été suivi par The Hood, un nouvel album bourré de titres à la cool qui ne pouvaient qu’asseoir le statut du Bordelais, celui de nouveau héros slacker bien de chez nous. Alors qu’il multiplie les soirées dans sa ville d’origine avec son collectif Flippin Freaks et qu’il enchaîne les concerts dans l’Hexagone (il était notamment programmé au Paris Psych Fest, début septembre, aux côtés d’Ariel Pink), Thoineau ne devrait pas tarder à livrer une nouvelle fournée de disques. Après tout, il avait parié pas moins de trois albums pour 2018…
T/O
Après avoir lâché en 2016 un premier ep teinté de dream-pop vaporeuse, Théo Cloux s’était retiré dans son home-studio strasbourgeois avec une seule idée en tête : synthétiser le meilleur de ses influences pour concocter une pop hybride et futuriste sans égale. Paru en mars dernier chez October Tone, son premier album Ominous Signs relève le défi haut la main. Au fil des neuf titres qui composent cet LP hors-normes, le compositeur et multi-instrumentiste fait voler en éclat les frontières des genres.
De la pop lo-fi au psyché en passant par le krautrock et le post-punk (le magistral The Knight With the Horse With the Red Flag), T/O conjugue le tout pour façonner un univers sonore singulier. En août, il mettait en scène son retour en studio sur les réseaux, laissant sous-entendre de nouveaux morceaux à la clé. Avec un gaillard qui ose reprendre Temporary Secretary de Paul McCartney en live – sa release party parisienne au Supersonic peut en témoigner –, il faut s’attendre à tout.
KCIDY
Entre ses études d’histoire et le piano jazz au conservatoire, Pauline Le Caignec a préféré se consacrer entièrement à la pop sous l’appellation KCIDY. Après un premier maxi sorti en 2013, la jeune Lyonnaise délaissait ses logiciels et rejoignait Rémi Richarme, son acolyte au sein du groupe Satellite Jockey, sur le séduisant Running On The Roof. Sur fond de synthés voluptueux, ils faisaient exploser le VU-mètre à l’aide d’un riff acéré des plus efficaces avant de se lancer dans la confection du premier LP de KCIDY.
À l’image du morceau qui emprunte son nom à l’album, le disque, paru en janvier 2017, est un concentré de pop solaire et onirique qui ne pouvait que mériter une suite. Alors que Pauline multiplie les projets avec ses deux autres formations (Satellite Jockey et Tôle froide, son trio punk immanquable), la musicienne devrait publier le successeur de Lost In Space avant 2019 et plancherait déjà sur le troisième album de KCIDY.
Bisou de Saddam
Depuis leurs premiers morceaux lâchés sur la toile en 2014, les quatre garnements de Bisou de Saddam ont su faire honneur à leur pseudonyme absurde. De la violence sonique des enregistrements s’extrait une douceur incomparable qui rend justice aux compositions folles du quatuor. Si les Nantais domiciliés à Paris savent donner dans le dur avec des morceaux ravageurs, le résultat est toujours aussi radieux et mélodieux.
Leur premier album, Merci Infiniment, qui vient tout juste de sortir sur le label Si Moiré Disques, peut largement en témoigner. Dès l’ouverture, le groupe invoque la mélancolie de Kevin Shields et cale dix minutes de déflagrations dans une version retravaillée de Printemps Noir – le morceau était déjà paru en 2015 sur leur premier ep. Bisou de Saddam fusionne shoegaze, noise, garage et pop lo-fi sur neufs titres déversés à la chaîne pour un résultat hautement jouissif. Et on peut les en remercier (infiniment).
Cathedrale
Les Toulousains amateurs de guitares vigoureuses ont su trouver en Cathedrale leur nouvelle chapelle. Depuis 2015, les quatre membres de l’édifice sacré alignent les titres ne dépassant pas les trois minutes avec une énergie débordante. On y croise aussi bien du garage que du post-punk, les Buzzcocks comme les Nerves et les Modern Lovers…
Un condensé d’influences rondement ficelées qui ira même jusqu’à envoyer le groupe de la Ville rose autour de l’Europe et en Russie pour une série de dates débridées. Après quelques démos, un ep et un premier album, Total Rift, paru en janvier 2017 sur le label Juvenile Delinquent, Jules, Maxime, Robin et Félix ont déjà bouclé leur deuxième LP. Il s’appelle Facing Death et sortira le 16 novembre sur les labels Howlin’ Banana et Juvenile Delinquent.
Carambolage
Si ces cinq gaillards ne vous sont pas inconnus c’est qu’ils officient tout simplement chez Kaviar Special. Depuis quelques mois, le groupe rennais a désormais la faculté de changer d’identité pour mettre le garage entre parenthèses et s’adonner à un punk à la française référencé Soda Fraise et Plastic Bertrand. Initié par Rémy, le batteur, Carambolage fonctionne comme une machine à tubes pour remonter le temps vers les années 1980.
La batterie a laissé place aux boîtes à rythmes et aux synthés nostalgiques. L’odeur de la bière, du cuir des blousons noirs et de l’essence des vieilles bécanes y est omniprésente. Après avoir rodé leurs morceaux sur scène pour des concerts délirants et laissé échapper quelques morceaux sur la toile, dont le fameux 5 à 7 et son clip à la cool, le groupe s’apprête à publier un premier ep cet automne sur Howlin’ Banana.
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