Si on avait l’espoir d’une sélection-hommage pour Claude Lanzmann ou d’une nouvelle convocation de Xavier Legrand aux oscars, c’est bien « La Douleur », le biopic sur Marguerite Duras, qui est sélectionné par le CNC pour espérer une nomination à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
La présélection effectuée mardi dernier par le CNC des films susceptibles de représenter la France aux oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère mettait à l’honneur la diversité de genre et de forme du cinéma hexagonal, entre documentaire (Les Quatre sœurs, du regretté Claude Lanzmann), biopic (La Douleur), nouveau film à suspense (Jusqu’à la Garde), film de danse transcendantale (Climax) et comédie en costumes (Mademoiselle de Joncquières). Et c’est finalement le biopic sur Marguerite Duras réalisé par Emmanuel Finkiel qui a été sélectionné.
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Le biopic, un genre bankable aux oscars
Le film raconte une courte mais importante période de la vie de l’artiste française, en juin 1944, alors que Paris est occupée par les Nazis. Après l’arrestation de son mari Robert Antelme, personnage majeur de la Résistance, la romancière et également résistante est torturée par cette séparation, le début d’une attente insoutenable…
Tourné dans un Paris métamorphosé par le contexte de l’époque, La Douleur offre une perspective intime et pédagogue sur l’un des épisodes les plus tourmentés de la vie de Marguerite Duras. Intime d’abord par l’interprétation sensible de Mélanie Thierry, s’éloignant de l’écrivain populaire que l’on connaît pour nous donner en image une femme délaissée, tel un portrait intérieur, et pédagogue aussi par la forme déployée par Emmanuel Finkiel, aussi audacieuse par la difficulté d’adapter Duras qu’intéressante sur le plan historique et politique, par le prisme de la fiction et de la reconstitution.
En somme, un candidat (presque) parfait pour concourir à l’Oscar du meilleur film étranger : sélectionner un genre on ne peut plus bankable dans la grande messe du cinéma américain (le biopic donc), sur une personnalité importante de l’histoire culturelle et politique d’un pays et si possible promouvoir une dimension pédagogique indiscutable. Si une sélection-hommage du regretté Claude Lanzmann ou revoir le nom de Xavier Legrand, déjà nommé à l’Oscar du meilleur court-métrage pour Avant que de tout perdre (sorte de prélude de son Jusqu’à la Garde) semblaient plausibles, La Douleur remplit malgré tout plusieurs critères qui peuvent le mener à la shortlist des cinq nommés. On rappelle que le dernier film français vainqueur dans cette catégorie reste Indochine de Régis Wargnier, en 1993.
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