Températures jamais atteintes, fonte des glaces et feux d’une ampleur exceptionnelle, les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus tangibles. Retour sur cinq phénomènes jamais survenus auparavant.
Depuis de nombreuses années, les experts mettent en garde sur les conséquences désastreuses qu’impliquerait un réchauffement climatique trop important. Actuellement, l’objectif fixé par l’accord de Paris sur le climat est de limiter la hausse de la température mondiale en dessous de 1,5 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle d’ici à 2100 afin que climat et biodiversité soient (à minima) préservés. Mais, ces dernières années, les prévisions jusqu’ici théoriques des scientifiques se concrétisent et les effets du réchauffement climatique sont désormais bien plus palpables. Voici notre sélection des cinq records climatiques tristement battus.
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1 • 46 degrés dans le sud de la France
Alors que jeudi 25 juillet Paris battait son record de température avec 42,6 degrés dans la capitale, au moins de juin, le Sud enregistrait des températures jamais égalées dans le pays. Pendant ce premier épisode de canicule, le mercure est monté jusqu’à 46 degrés dans l’Hérault. De quoi rendre tangible la menace du réchauffement climatique et influer sur les infrastructures. Les trains ont, par exemple, circulé plus lentement, leurs rails risquant de se déformer sous l’effet de la chaleur. Météo France a estimé que les températures à cette période avaient été supérieurs de 6 à 10 degrés par rapport aux normales de saison dans la « majeure partie de la France et en Allemagne, dans le nord de l’Espagne, en Italie du Nord, en Suisse, en Autriche et en République tchèque ».
Mais la France et l’Europe n’ont pas été les seules à avoir été touchées par les fortes chaleurs du mois de juin. L’ensemble de la planète a connu sur cette période des températures de 1 degré supérieures à la normale d’après des mesures de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), comme le note Le Parisien.
2 • Guadalajara, au Mexique, ensevelie sous 2 mètres de grêle au mois de juin
Au même moment, la ville mexicaine de Guadalajara se faisait submerger par 2 mètres de grêle. Dans la soirée du 30 juin, elle est frappée par un orage, un phénomène habituel pour la saison, mais celui-ci est d’une intensité inédite. Alors qu’il fait plus de 20 degrés, des trombes de grêle se mettent à tomber et des torrents d’eau et de glace déferlent sur la ville. Ils emportent une cinquantaine de véhicules sur leur passage tandis que des blocs de glace bloquent la circulation. Si les enfants ont apprécié de jouer dans la neige, deux personnes ont été victimes d’hypothermie et l’intervention de la protection civile et des militaires a été nécessaire pour désencombrer les rues.
Le météorologue Hector Magaña a expliqué à l’AFP que le phénomène était dû à la chaleur terrestre qui s’amplifiait tandis qu’une forte humidité s’accumulait dans le ciel créant ainsi une instabilité de l’atmosphère à l’origine de ces précipitations inédites. « Il fallait un nuage d’orage très violent », a-t-il précisé.
3 • La fonte des glaces multipliée par six au cours des 20 dernières années
Près du pôle Nord, Alert au Canada est le point habité le plus au nord de la planète. La température y a atteint les 21 degrés dimanche 14 juillet 2019 alors que la moyenne habituelle estivale est de 3,4 degrés, avec des maximales ordinaires ne dépassant pas les 6 degrés depuis 1950, date à laquelle une station météo a été installée dans cette région située à 900 kilomètres du pôle Nord. Une situation qui inquiète les scientifiques canadiens qui relèvent, en plus, des températures de plus en plus élevées depuis 2012. Bien que cette chaleur inédite s’explique en partie par des vents venus du Sud, les chercheurs mettent également en avant la responsabilité du réchauffement climatique et soulignent que l’Arctique se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la planète. Entre la fin du mois de juin et la mi-juillet, 2,2 millions de kilomètres carrés de glace, une surface suppérieure à celle du Groenland, ont fondu dans cette région.
Le mois précédent, c’est d’ailleurs le Groenland qui perdait une quantité de glace phénoménale et inhabituelle pour la saison : plus de 2 milliards de tonnes de glace. Ce qui est « comparable à des pics de fonte que nous avons vu en juin 2012 » , assure Thomas Mote, un chercheur étudiant le climat du Groenland à l’Université de Géorgie, à CNN.
D’autres scientifiques, en effectuant des prélèvements de glace, ont démontré que le phénomène de fonte a commencé au XIXe siècle. « Mais le véritable drame s’est déroulé au cours des 20 dernières années : soudainement, l’intensité de la fonte a été multipliée par pratiquement six par rapport à avant la révolution industrielle », précise National Geographic. L’année 2019 pourrait bien décrocher un triste record en terme de fonte des glaces au Groenland compte tenu de la quantité perdue en seulement 24 heures en ce mois de juin, précise Thomas Mote. Le chercheur explique qu’une perte si importante qui intervient aussi tôt présage une fonte supplémentaire plus tard dans la saison.
4 • “Ranch Fire”, le plus grand feu de l’histoire de la Californie
Si l’origine de ce feu qui a décimé 1 660 kilomètres carrés de la Californie en 2018 réside dans une maladresse humaine, sa propagation incontrôlable est le fait de la sécheresse dont est victime l’état depuis plusieurs années. Parti du jardin d’un propriétaire de Ranch, le feu a ravagé la Californie du 27 juillet au 18 septembre 2018. L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, souhaitait boucher l’entrée d’un nid de guêpe à l’aide d’une pièce de métal et d’un marteau. Lorsqu’il tape avec son marteau, il provoque une étincelle qui embrase très rapidement les herbes sèches des alentours, le « Ranch Fire », attisé par des vents violents, commence alors une course à travers la Californie qui va durer deux mois.
Scott McLean, porte-parole du département californien des forêts et de la protection contre les incendies, déclarait auprès de CNN que les cinq dernières années de sécheresse avaient laissé, au moment de l’incendie, « 102 millions d’arbres morts ». Yaël Lecras, vice-président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels expliquait à Franceinfo : « Actuellement les végétaux sont à 4 % d’humidité environ alors qu’on considère qu’un bois sec c’est 11 à 14 %. » Cet assèchement est l’une des conséquences du réchauffement climatique ainsi à l’origine de la propagation de plus en plus rapide des feux. L’Agence nationale de protection de l’environnement signalait d’ailleurs que la Californie du sud s’est réchauffée de trois degrés pendant le siècle dernier. L’agence alertait sur le manque d’approvisionnement en eau qui crée « un environnement plus inflammable, susceptible d’accroître la gravité, la fréquence et l’étendue des incendies ».
5 • Irma, l’ouragan resté le plus longtemps classé d’intensité 5
En septembre 2017, l’ouragan Irma déferle sur les Antilles et le golfe du Mexique. Le cyclone tropical bat des records : « Une telle intensité d’une telle longévité, c’est du jamais-vu dans le monde, depuis le début de l’ère satellitaire (il y a une cinquantaine d’année, ndlr)« , déclare Etienne Kapikian, prévisionniste de Météo France, à l’AFP. Alors que les rafales de vent atteignent les 360 km/h, Météo France déclenche la vigilance violette, alerte météorologique maximale. La puissance de l’ouragan est évaluée à 5 sur l’échelle Saffir-Simpson, le niveau le plus élevé de cette unité de mesure qui classe les ouragans en fonction de la vitesse des vents.
Le réchauffement climatique joue-t-il un rôle dans la fréquence et l’intensité des ouragans ? Si les scientifiques ne constatent pour l’instant aucune augmentation significative du nombre d’ouragans sur les dernières années, ils observent que le réchauffement climatique joue très probablement un rôle dans leur intensité. Valérie Masson-Delmotte, membre du Giec, groupe de référence au niveau mondial sur le climat, explique le 8 septembre 2017 à Franceinfo que « plus la température de l’eau et le taux d’humidité sont élevés, plus le cyclone peut prendre de l’intensité. Or, ces deux éléments sont plus intenses du fait de l’augmentation de l’effet de serre. On considère qu’il y a 7 % d’humidité en plus dans l’atmosphère par degré de réchauffement ». Autrement dit, plus le climat se réchauffera, plus les ouragans seront violents et leurs conséquences désastreuses.
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