La torpeur de l’été a semble-t-il saisi nos écrans : peu de nouveautés à se mettre sous la dent ce mois-ci. En attendant les gros rendez-vous de la rentrée, voici tout de même quelques curiosités dénichées à marée basse – dont au moins une pépite.
Umbreakable Kimmy Schmidt : Kimmy vs. The Reverend, de Claire Scanlon
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Sous ses airs de néo-sitcom délirante (après avoir passé quinze ans terrée dans un bunker sous l’emprise d’un gourou, une jeune femme psychologiquement bloquée dans les 90’s part s’installer à New York), la série de Robert Carlock et Tina Fey est parvenue à mettre en lumière certaines tensions qui traversent la société américaine contemporaine tout en orchestrant une prise pouvoir symbolique des minorités.
Un an après l’épisode final, Claire Scanlon en ressuscite les personnages le temps d’un téléfilm interactif, construit sur le modèle du Bendersnatch de Black Mirror : avant de pouvoir se marier à un prince anglais interprété par Daniel Radcliffe, Kimmy va devoir déjouer le complot orchestré par le révérend… avec l’aide du spectateur, évidemment.
Le 5 août sur Netflix.
Ramy saison 2, de Ramy Youssef, Ari Katcher et Ryan Welch
https://youtu.be/gnJPJjVuUiM
De retour d’Egypte où, contrairement à ses attentes, sa confusion existentielle n’a fait que s’intensifier, Ramy, tiraillé entre ses aspirations spirituelles et ses désirs charnels, poursuit sa quête d’identité dans son quartier multiculturel du New Jersey. Moins éparpillée que la première, cette deuxième saison, structurée autour du face-à-face intense entre le personnage et un imam soufi interprété par Mahershala Ali (tout en dédiant certains de ses épisodes à ses personnages secondaires), approche avec finesse le vécu musulman dans les États-Unis d’aujourd’hui. Un bijou d’humour, d’intelligence et d’audace à ne manquer sous aucun prétexte.
À partir du 6 août sur Starzplay.
The Rain saison 3, de Jannik Tai Mosholt, Esben Toft Jacobsen, Christian Potalivo
Malgré la prévisibilité de son récit postapocalyptique (un groupe de survivants évolue dans une zone dévastée par une pluie toxique), la première série Netflix made in Danemark est parvenue à ouvrir son postulat de départ à des courants ludiques, adolescents ou horrifiques, tout en le frottant à l’imaginaire politique associé à la population « la plus heureuse du monde ». Il est temps de se mettre au sec, cette troisième saison sera la dernière : brisé à la fin de la saison précédente, le lien entre Rasmus, doué de facultés extraordinaires, et sa sœur Simone, pourra-t-il être réparé ?
Le 6 août sur Netflix.
Ted Lasso, de Bill Lawrence et Jason Sudeikis
Ted Lasso, coach de football américain dans une petite université du Kansas, se retrouve parachuté à la tête d’une prestigieuse équipe anglaise de football… C’est-à-dire de soccer, ce qui n’a strictement rien à voir. Reprenant, parfois au gag près, un rôle imaginé pour une campagne publicitaire en 2013, Jason Sudeikis promène son personnage de crétin autosatisfait du stade à l’arène médiatique, et tente de dissimuler son incompétence en quelques dribbles loufoques et amortis burlesques.
Le 14 août sur Apple TV +.
Lovecraft Country, de Misha Green
https://youtu.be/JVWh8VWcJU8
Un jeune homme fraîchement débarqué de l’armée part à la recherche de son père en compagnie d’une amie d’enfance et de son oncle. Leur route croisera des créatures fantastiques et des monstres bien réels – ils sont noirs, et l’action se déroule dans l’Amérique ségrégationniste et raciste des années 50. Coproduite par Jordan Peele et J.J. Abrams et adaptée de la nouvelle éponyme de Matt Ruff, cette série ambitieuse tresse l’imaginaire de H. P. Lovecraft (écrivain ayant influencé Stephen King, Alan Moore, John Carpenter ou H. R. Giger) à un pan troublé de l’histoire afro-américaine, et double ses visions horrifiques d’un fond politique.
À partir du 17 août sur OCS.
Biohackers, de Christian Ditter
Le bio-hacking, ou piratage corporel, consiste à appliquer l’éthique des hackers pour améliorer le potentiel de son propre corps par des dispositifs cybernétiques ou biochimiques bricolés. C’est donc sous des auspices transhumanistes que se déploiera le nouveau thriller allemand de Netflix, dans lequel une étudiante en médecine tente de se rapprocher d’un professeur qu’elle soupçonne d’être impliqué dans la tragédie qui a frappé sa famille.
Le 20 août sur Netflix.
Love in the Time of Corona, de Joanna Johnson
Dans L’Amour au temps du choléra, Gabriel Garcia Marquez dépliait les remous d’un amour impossible sur plus d’un demi-siècle. Produite en quelques mois et tournée à distance, la mini-série L’Amour au temps du Corona auscultera au contraire, à travers le quotidien de quatre familles en plein cœur de l’épidémie, la chimie du rapport affectif temporellement et spatialement comprimé par les impératifs du confinement. On nous avait prédit une avalanche de fictions Covid, reste à savoir si le public, à peine remonté à la surface, à déjà envie de s’y replonger.
Le 22 août sur Freeform.
The Twilight Zone saison 2, de Marco Ramirez
La première saison reboot de la série culte de Rod Sterling avait pu, malgré des intrigues inégales, nous séduire par sa dimension politique et inclusive. Ces nouveaux épisodes semblent délaisser tout le trouble attaché à la « Quatrième Dimension », cette zone frontière entre le réel et le surnaturel, pour proposer une collection de récits fantastiques esthétisés et convenus. Si l’on regrette que la plupart d’entre eux ne parviennent pas à creuser suffisamment leurs idées, on y retiendra toutefois quelques paraboles efficaces sur l’adolescence, la célébrité ou le deuil.
À partir du 27 août sur Canal +.
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