Le philosophe a publié un post de blog au vitriol contre la jeune militante, qu’il qualifie de “cyborg suédoise”, suscitant l’indignation.
Michel Onfray, dont on n’avait plus entendu parler depuis un moment, a publié le 24 juillet un post de blog dans lequel il se déchaîne contre Greta Thunberg. La veille, l’adolescente suédoise de 16 ans, initiatrice du mouvement de grève scolaire pour l’action des gouvernements contre le dérèglement climatique, avait délivré un discours alarmant à l’Assemblée nationale, où elle avait été invitée.
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“Elle est hélas ce vers quoi l’Homme va”
Le philosophe ne goûte pas la fascination que suscite la militante écologiste et il a donc employé tout son “talent” de polémiste pour tenter de la discréditer. Et, comme dans la cour de récréation (dont il se pense si loin), cela commence par… le physique. Il la décrit ainsi : « La jeune fille qui ne sourit jamais, comme Buster Keaton à qui elle ressemble tant », “Cette jeune fille arbore un visage de cyborg qui ignore l’émotion – ni sourire ni rire, ni étonnement ni stupéfaction, ni peine ni joie”, “Elle fait songer à ces poupées en silicone qui annoncent la fin de l’humain et l’avènement du posthumain”, “Elle a le visage, l’âge, le sexe et le corps d’un cyborg du troisième millénaire : son enveloppe est neutre. Elle est hélas ce vers quoi l’Homme va”.
Sur le fond, le philosophe qui se dit libertaire estime (quelle originalité) qu’elle est manipulée, et qu’elle n’est en quelque sorte qu’une marionnette au service du « capitalisme vert ». Elle ne peut pas être l’autrice des textes qu’elle prononce, explique-t-il, en la déshumanisant encore une fois : « Ce qu’elle lit, à défaut de le dire librement, n’est pas écrit par une jeune fille de son âge. La plume sent trop le techno. Sa voix porte le texte d’autres qui n’apparaissent pas. Qu’est-donc d’autre qu’un cyborg, si ce n’est le sujet d’acteurs invisibles? Cette intelligence est vraiment artificielle, au sens étymologique : c’est un artifice, autrement dit, un produit manufacturé. »
“Un troupeau de moutons de cette génération”
Enfin, c’est plus globalement cette génération, qui prend exemple sur Greta Thunberg et qui se mobilise pour contraindre les gouvernements à l’action, qu’il cible. Il utilise la rhétorique classique des conservateurs et l’argument éculé du panurgisme : « Trop contents de ce magnifique prétexte pour ne pas aller au collège, un troupeau de moutons de cette génération qui se croit libre en bêlant le catéchisme que les adultes leur inculque, propose de suivre son exemple et offre en sacrifice expiatoire la culture qu’elle n’a pas, mais qu’elle pourrait avoir – si d’aventure elle allait à l’école, encore que, si c’est pour y apprendre les billevesées gretasques… »
“Il est, espérons-le, ce dont l’être humain parviendra enfin à s’éloigner”
Naturellement, ce texte a fait la joie des contempteurs de Greta Thunberg. Mais des internautes ont aussi répondu à Michel Onfray en le renvoyant à ses livres de philo :
Le spectacle du laborieux Michel Onfray déployant non sans peine un arsenal rhétorique tiré par les cheveux pour molester de son verbe fatigué une jeune adolescente me chagrine : comment peut-on trahir à ce point la philosophie dont on se réclame ?
— René Chiche (@rene_chiche) July 24, 2019
Onfray raconte que Thunberg est "sans sexe" et "sans chair" parce qu'elle est trop jeune pour le laisser lui plaquer dessus sa pauvre sexualisation de philosophe avec une bite (pour rappel, Onfray n'étant toujours pas végétarien, il ne pense toujours pas) https://t.co/3SnFFqZAqd
— Camille Brunel (@CamilleBrunel) July 24, 2019
Onfray a le visage, l’âge, le sexe et le corps d’une scorie obsolète et pathétique du second millénaire : son enveloppe est vulgaire. Il est, espérons-le, ce dont l’être humain parviendra enfin à s’éloigner.
— Jean-Marc Lafon (@JM_Lafon) July 25, 2019
Sérieux, Michel Onfray, tout est à vomir dans votre texte. Honte à vous, vraiment ! #GretaThunberg https://t.co/36RfNoY7AW
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) July 24, 2019
Au tour d'Onfray, qui ne déçoit jamais : Greta Thunberg a un "corps sans chair", un "visage de cyborg qui ignore l’émotion – ni sourire ni rire, ni étonnement ni stupéfaction, ni peine ni joie", "une voix pré-pubère blanche comme la mort".
Quelle démonstration philosophique.
— Padre_Pio (@Padre_Pio) July 24, 2019
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