Le jeune chômeur à qui Emmanuel Macron a dit qu’il suffisait de “traverser la rue” pour trouver du travail est revenu sur cet échange au micro d’Europe 1.
L’entrevue entre Emmanuel Macron et un jeune chômeur le 16 septembre a fait couler beaucoup d’encre. En cause, le discours tenu par le président de la République à ce jeune homme désespéré de voir tous ses CV et ses lettres de motivation rester sans réponse. “Il y a des tas de métiers, il faut y aller ! Hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue et je vous en trouve”, avait déclaré le chef de l’Etat sur un ton cavalier, comme si l’intéressé ne se donnait pas assez de mal, et qu’il était dans cette situation par sa faute.
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VIDÉO – Macron à un jeune chômeur qui peine à obtenir un travail : "Je traverse la rue je vous en trouve" #JEP2018 pic.twitter.com/clfFlBuL52
— Arthur Berdah (@arthurberdah) September 16, 2018
“Ce qu’il a dit n’est pas normal”
Le jeune homme de 25 ans, qui travaille dans le domaine horticole, est revenu sur cet échange au micro d’Europe 1 ce 18 septembre. Et il en garde une grande amertume : “Ce qu’il a dit n’est pas normal. Je l’ai un peu en travers de la gorge.” “Je ne m’attendais pas à le croiser au départ, explique d’abord Jonathan. J’ai pris une photo avec lui, je lui ai serré la main et puis je me suis dit : ‘c’est le moment où jamais de lui poser la question’”, raconte-t-il.
Alors qu’Emmanuel Macron lui a conseillé d’aller voir dans les bars et restaurants du quartier Montparnasse, l’intéressé, Jonathan Jahan, réplique : « Il n’y a pas de problème, s’il y a du boulot, qu’il m’accompagne jusqu’à Montparnasse ! Je vais faire l’essai dans la semaine, on verra par la suite.” S’il est si sûr de lui, c’est qu’il se lève tous les jours à 6h du matin pour trouver un emploi, et qu’il a déjà essuyé “des lettres et des lettres de refus”, comme il l’explique.
“Je ne fais pas ça pour faire le buzz”
De manière plus générale, le jeune homme affirme être déçu par le traitement de la question de l’emploi en France par Emmanuel Macron, alors qu’il y a 3,44 millions de chômeurs : “Je ne fais pas ça pour faire le buzz, je fais ça pour savoir ce qu’il en est par rapport à l’emploi. Et je vois que ça n’avance pas”. Sur la forme, à la vision de cette séquence vidéo, on ne peut que souscrire à l’affirmation de Raoul Vaneigem dans le Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations (1967) : “Le sens du respect s’est déchu au point de se satisfaire en humiliant”.
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