21 juillet 1969, sous les yeux de millions de Terriens sidérés, Neil Armstrong fait un petit pas pour lui, et un grand pas pour l’humanité. Pour l’accompagner 50 ans après, un voyage en 50 morceaux musicaux et intersidéraux.
Brian Eno Under Stars (1983) Décollage tout en douceur avec Apollo mais celui de Brian Eno qui engage pour équipage son frère Roger et le Québecois Daniel Lanois en 1983. Apollo : Atmospheres and Soundtracks aborde, comme souvent avec Brian Eno, des espaces inconnus et se place sous le signe des Stars atteintes après un voyage presque silencieux incluant cet Under the Stars, aussi planant qu’il est prenant pour qui sait en écouter les interstices. Have a good trip !
David Bowie Space Oddity (1969) En ce 21 juillet 1969, la BBC choisit le Space Oddity de David Bowie comme bande originale de la diffusion en direct des premiers pas de l’homme sur la Lune et met ainsi en orbite la carrière du Major Tom qui, deux ans plus tard, décidera d’aller encore plus loin en s’interrogeant sur la vie sur Mars puis, l’année suivante encore, en devenant Ziggy Stardust et en s’accompagnant des Spiders from Mars. A star (man) is born !
Ludwig von Beethoven Sonate au clair de lune (1802) Petite faille spatiotemporelle dans laquelle il fait bon s’engouffrer : La Sonate no 14 en do dièse mineur, opus 27 no 2, composée en 1802, ne devient Sonate au clair de lune qu’en 1832 sous l’impulsion d’un poète allemand, Ludwig Rellstab, auquel on ne peut donner tort tant cette sonate s’y prête et, soyons clairs (de lune), tant elle sera inspiratrice pour Chopin et ses Nocturnes ou pour Debussy ci-après.
Claude Debussy Clair de lune (1905) De La Suite bergamasque du jeune Debussy, puisque composée à l’entour de 1890 avant d’être publiée en 1905, on retient bien sûr ce Clair de lune pour piano seul qui est devenu depuis un des classiques des hymnes voués à l’astre de la nuit. Inspiré du poème homonyme de Verlaine, on retrouvera ce Clair de lune en version orchestrale dans un des films de référence consacré à la conquête de l’espace, L’Etoffe des héros de Philip Kaufman (1983).
Richard Strauss Ainsi parlait Zarathoustra (1896) Ami.e.s complotistes, bonsoir. Nous vous offrons ici l’ouverture de 2001 – L’Odyssée de l’espace réalisé en 1968 par Stanley Kubrick qui, je ne vous apprends rien, a également filmé en studio (dans la fameuse zone 51 à ne pas confondre avec la chambre 237) les premiers pas de l’homme qui n’a pas marché sur la Lune rapport au drapeau qui flotte et aux empreintes trop nettes. Quant à Kubrick, c’est toujours avec son complice Strauss, mais cette fois prénommé Johann, qu’en 1968 il orchestre un ballet de vaisseaux spatiaux sur Le Beau Danube bleu.
Creedence Clearwater Revival Bad Moon Rising (1969) Que voulez-vous : il y a ainsi des jamais content qui ne se sentent pas sélénites dans l’âme. Avec un sens du timing impeccable, Creedence Clearwater Revival chante Bad Moon Rising deux semaines pile après le 21 juillet 1969 et peu avant de partir pour Woodstock et de se contredire puisqu’interprétant sur le même album, Green River en l’occurrence, The Night Time Is The Right Time. Deux excellents morceaux ceci dit au demeurant.
Calexico Moon Never Rises (2015) Autres Moon Haters tout aussi remarquables mais venus de Tucson (Arizona), les Calexico qui envisagent que la Lune ne se lève jamais en compagnie de l’attachante Carla Morrison, d’un rythme reggae et de teintes mexicaines qui ne sont pas sans rappeler les attaches tout itou mexicaines de Carla Morrison, née à Tecate (Baja California), et dont nous vous offrons le Te regalo.
Echo & The Bunnymen The Killing Moon (1984) En termes de rabat-joie, Ian McCullogh, son Echo et ses Bunnymen se posent là, eux qui voient carrément la Lune en tueuse par simple déception amoureuse d’un rendez-vous manqué et que tentera d’adoucir Marc Collin avec sa reprise bossa nova orchestrée avec Nouvelle Vague.
Van Morrison Moondance (1970) « Well, it’s a marvelous night for a moondance with the stars up above in your eyes » : quelques mois après que la Lune fut conquise par l’humanité, Van Morrison magnifie le ballet des astres à la suite des vaisseaux kubrickiens. Il y a deux ans déjà que l’ex-rockeur teigneux, qui écrivit Gloria, a muté en barde panthéiste célébrant la nature et les éléments avec un premier chef-d’oeuvre : Astral Weeks.
Frank Sinatra Fly Me to the Moon (1964) Cinq ans avant le décollage d’Apollo XI, The Voice avait déjà envoyé sa requête à la Nasa avec Fly Me to the Moon, popularisée dix ans auparavant sous le titre In Other Words par Felicia Sanders, dont il fait un standard immédiat comme souvent en ces années-là quand Frank Sinatra reprenait une chanson à son compte.
Billie Holiday It’s Like Reachin’ for the Moon (1936) Même métaphoriquement, la Lune a toujours été un objectif à atteindre (pour Amel Bent par exemple à qui viser la Lune ne faisait pas peur). Mais aussi pour Billie Holiday, étoile filante et inoubliable, qui, en 1936, conçoit des visées multiples : « It’s like reaching for the moon, It’s like reaching for the sun, It’s like reaching for the stars, Reaching for you » car, pour elle, la vie commence quand on est amoureux.se.
Glenn Miller Moonlight Serenade (1941) Qui dit tombée de la nuit, dit sérénade et, quand le temps est dégagé, la sérénade se fait au clair de lune comme ici avec Glenn Miller qui au cours de ces mêmes années la verra bleue, un peu comme la Terre orange vue d’Eluard. Mais c’est là une autre histoire que nous vous conterons plus tard dans cette playlist.
https://www.youtube.com/watch?v=8TB_8H23EDI
Chavela Vargas Luz de luna (1994) Autre sérénade mémorable chantée à la lumière de la lune, celle de Chavela Vargas que nous daterons fautivement de 1994, année de sortie de Kika de Pedro Almodovar, pour l’inoubliable scène du balcon où, nue, Susana (Bibiana Fernandez) la baille bonne à son amant Peter Coyote (Nicholas) dans un moment de grâce à hauteur d’un tango lunaire composé par Astor Piazzola.
Francis Bebey Moon’s Smile (1996) Et sinon, après la Terre vue d’Eluard, ça donne quoi la Lune vue d’Afrique ? Eh bien, ça donne le sourire avec le Camerounais Francis Bebey qui l’honore en psalmodie funky et en mettant de la kora à l’ouvrage, un peu comme le génie Ali Farka Touré se plongeait au cœur de la Lune sur son ultime album en duo avec le génie koréïste Toumani Diabaté, entre autres pour ce Hawa Dolo.
Captain Beefheart Moonlight on Vermont (1968) Trois mois avant l’alunissage d’Apollo XI, Captain Beefheart propose sur Trout Mask Replica (produit par Frank Zappa) sa vision de la lune depuis le Vermont et ça dépote. L’année précédente, son pote Zappa sortait de son côté une Concentration Moon qui se foutait ouvertement de la gueule du monde (comme toujours avec Zappa) et, plus particulièrement, des hippies et du Velvet, qualifié de « shitty » avant censure.
Die Antwoord Moon Love (2014) Dans Moon Love, les foufous sud-afs de Die Antwoord surprennent avec une ballade rêveuse à l’atmosphère inhabituelle chez eux-mêmes s’ils la concassent de breakbeats à mi-parcours. Mais, ils retrouvent toute leur dinguerie quand ils se confrontent en live avec leur compatriote, une certaine Moonlight Sanelly dont le Weh Mameh gagne à être connu.
Can Moonshake (1973) Can compte parmi les groupes essentiels de la Kosmische Musik, terme un peu trop compliqué pour nos amis anglais qui lui préféreront le condescendant “krautrock”. Trois ans après avoir célébré la mère ciel (Mother Sky) sur l’album Soundtracks, Can évoque un tremblement de lune avec un sens du funk blanc impressionnant. Rien de bien surprenant donc qu’il soit extrait de Future Days.
Superpitcher Moon Fever (2010) Après les tremblements, rien d’étonnant non plus que de voir la Lune prise de fièvre ; et rien de bien surprenant encore une fois que de découvrir que c’est un compatriote de Can, Superpitcher (les uns et les autres issus de scènes de Cologne à des périodes différentes) qui perpétue cette atmosphère hors gravité de la Kosmische Musik déjà repérée dans la Stratosfear de Tangerine Dream (pour leur part plutôt berlinois) en 1976.
Sun Ra The Night of the Purple Moon (1970) Par rapport à ses contemporains, Sun Ra a un net avantage en termes de conquête spatiale puisqu’il a été, selon ses dires, enlevé par les extraterrestres en 1936, ce qui lui a valu de séjourner sur Saturne (cf. Space Is the Place extrait de The Other Side of the Sun), ce qui lui donne une légitimité bien plus grande pour évoquer les astres et lui permet d’appréhender la Lune en pourpre.
Parliament Moonshine Heather (1970) Autre extraterrestre notoire, le créateur du P-Funk et leader de Parliament puis Funkadelic, George Clinton (sans rapport aucun avec le saxophoniste blanc prénommé Bill) emmène le funk dans la stratosphère parfois jusqu’à des hauteurs insoupçonnées (ici le Cosmic Slop de Funkadelic) lors de concerts marathons dépassant souvent les cinq heures).
Steve Miller Band Space Cowboys (1969) Autre curieux spécimen de voyageur interstellaire, le cow-boy de l’espace, apparu lui aussi en 1969, avec Steve Miller qu’on retrouvera quatre ans plus tard en Joker, ce qui nous permettra d’apprendre que le cow-boy de l’espace s’appelait Maurice : “Some people call me the space cowboy, yeah, some call me the gangster of love, some people call me Maurice”. Ou Jamiroquai quand il fait un nouveau come-back en 1994.
Pink Floyd The Dark Side of the Moon (1975) S’il est une chose qui fascine tous ces conquérants, c’est bien sûr le côté obscur de la force d’attraction. Et qui mieux que les auteurs d’Astronomy Domine (en 1967) peuvent nous en révéler les secrets ? Cramé à l’acide, Syd Barrett est quitté du groupe l’année suivante et n’en chantera pas moins un flippant Dark Globe en 1970. So, shine on crazy diamond…
Arthur H L’autre côté de la Lune (2014) En France aussi, l’autre côté de la Lune interroge et tant pis si c’est sur un album qui s’intitule Soleil dedans. Ce qui explique le côté un peu désorienté d’Arthur H qui la poursuit « au sud du nord, au nord du sud ». Peut-être est-ce la raison pour laquelle, il additionnera cet autre côté de la Lune d’une Moonlove Fantaisie cinq ans plus tard. A moins qu’il ne s’agisse d’une affaire de famille…
Jacques Higelin Coup de Lune (1985) En 1979, dans une fête païenne arrosée au champagne, le père d’Arthur H voyait surgir « la lune rousse » avant la courte apparition de « Lucifer en personne ». En 1985, c’est dans une autre clairière tout aussi obscure qu’il réunit “la secte des insectes” et prépare en secret la résurrection de Charles Trenet dans un album-hommage où le soleil a rendez-vous avec la lune. Tenue du suaire, obligatoire !
Florent Marchet Apollo 21 (2045/2049) Autre explorateur intersidérant qui découvre la Bambi Galaxie en 2014 et dont l’odyssée de l’Apollo 21 débute le 21 juin 2045 et s’achève dans une ambiance de fin du monde à Alpha Centauri le 14 décembre 2049 : Florence Marchet. On en regretterait presque ses vacances apocalyptiques à Courchevel.
Sheila & B. Devotion Spacer (1979) Il est temps de retrouver joie et espoir avec Sheila l’Exploratrice qui, à défaut d’être intersidérante, rencontrera un succès international en tenue improbable de spationaute avec ce Spacer tout aussi improbable que son succès international, sa choré à base de sabre laser en forme de néon et ce remix de Monsieur Willy. Improbable ? En fait pas tant que ça, puisque c’est la paire de Chic, Nile Rodgers/Bernard Edwards, qui produit. Et Spacer leur vaudra d’être sollicités par David Bowie ou Blondie.
Cas Haley Walking on the Moon (2008) Et ce qui devait arriver arriva, on finira par marcher sur la Lune comme l’évoquait The Police dix ans après. Et The Police ayant tant emprunté au reggae qu’il semblait justifier de retourner en Jamaïque pour remarcher dessus en 2008 grâce à un type qui, ça ne gâte rien, à un nom de comète comme il y a longtemps un rockeur around the clock (même s’il faut bien l’admettre, Cas Haley est en fait né à Paris, Texas).
Sting Moon Over Bourbon Street (1986) En rupture de The Police, Sting revient avec de plus modestes ambitions. Il ne marche plus sur la Lune, mais l’observe depuis l’une des plus célèbres artères de La Nouvelle-Orléans, solidement entouré de la fine fleur jazz de l’époque (les frères Marsalis, Omar Hakim, Darryl Jones, pas encore bassiste des Rolling Stones) quand, trois ans plus tard, c’est au tour des enfants du pays, les frères Neville, de la célébrer sur la funky-créole Yellow Moon.
R.E.M. Man on the Moon (1992) De même qu’il est communément admis que Paris se trouve au Texas, il va de soi qu’Athens est située en Georgie d’où vient R.E.M. qui se contrefout de la lune en elle-même. Ce Man on the Moon rend en effet hommage à Andy Kaufman, humoriste mort de ses excès à 35 ans, bien avant le bipic que lui consacrera Milos Forman en 1999. Normal pour un groupe qui dort le jour.
Elton John Rocket Man (1972) Extrait d’Honky Château (d’Hérouville où l’album fut enregistré), le morceau, dont il existe une sublime version de Kate Bush, est revenu en pleine actualité en donnant son nom au biopic consacré à Elton au moment où ce dernier entamait sa dix-huitième tournée d’adieu. Quant au Rocket Man, aura-t-il été éclipsé depuis par “l’homme volant du 14 juillet” ?
Dolly Parton From Here to the Moon and Back (1994) Nul besoin de véhicule aussi sophistiqué qu’un rocket man ou un homme volant du 14 juillet pour atteindre les cieux. La voix céleste de Dolly Parton en bonne compagnie suffit à partir en voyage aller-retour et à plus de deux mille années-lumière de chez nous comme ont tenté de le faire, avec moins de succès, les Stones.
Cat Power The Moon (2006) La voie tracée par Dolly Parton est grande ouverte pour être poursuivie par la voie lactée et pleine de ferveur de Cat Power qui nous mène jusqu’à des hauteurs mésosphériques et inouïes (au sens propre du terme) sur l’album The Greatest qui n’est pas loin d’atteindre les ambitions affichées par son nom et où l’on sent Chan Marshall bien plus apaisée que sur le Moonshiner extrait de Moon Pix.
Björk Moon (2011) Autre adoratrice des astres croisée parfois au bord du désastre et à la voix sans égale, Björk Guðmundsdóttir qui nous livre une vision lunaire à plusieurs voix et qui, pour la plupart, sont la sienne sur Biophilia à des années-lumière de l’énervée Pluto (ce qu’on peut comprendre puisqu’elle s’est vue rétrogradée au statut de planète naine, Pluto, bien sûr, pas Björk) figurant en queue de comète d’un de ses chefs-d’œuvre : Homogenic.
Apparat Organ Quartett Sirius Alfa (2010) Autres Islandais cosmiques, l’Apparat Organ Quartet nous emmène très très loin et très très haut jusqu’à Sirius Alfa (rien à voir donc avec le serious moonlight de David Bowie) pour une dinguerie contagieuse à rapprocher de l’Atlas sous hélium d’autres foufous : Battles.
Kid Francescoli Moon (2017) Cap sur Marseille plutôt que sur Canaveral pour saluer un des génies les plus injustement oubliés de notre hexagone et des quatre coins de la Terre (qui pourtant est ronde) : Kid Francescoli qui ici nous entraîne dans une ritournelle irrésistible à nous donner envie de danser pieds nus sous la lune de Daho, voire sous le serious moonlight de Bowie.
Freak Power Moonbeam Woman (1993) Autre génie méconnu : Norman Cook. Non pas celui qui deviendra Fatboy Slim par la suite mais bien celui qui aura fondé auparavant Freak Power dans lequel il concentrera jazz acide, funk psychédélique et groove imparable pour sacrer une femme sous un rayon de lune faisant suite au tube unique de Freak Power : Turn on, Tune in, Cop Out.
Daft Punk Voyager (2001) « Voyager” se dit “to travel” en anglais, on penchera donc ici plutôt le programme spatial visant à explorer les planètes hors système solaire, d’autant que Voyager est extrait de Discovery donc de la BO d’Interstella 5555 : The Story of the Secret Star où le duo illustre l’univers créé par le dessinateur du corsaire de l’espace Albator, chanté chez nous par Eric Charden.
Air Cosmic Trip (2012) En 1998, Air voit sa carrière interplanétaire mise en orbite avec son premier album, Moon Safari. Près de quinze ans après, le duo Jean-Benoît Dunckel/Nicolas Godin reprend la route vers les étoiles en mettant en musique Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès (1902). Un cosmic trip qui mettra à n’en point douter Kelly en position idéale pour regarder les étoiles comme elle le faisait déjà sur Moon Safari et donc Kelly Watch the Stars.
Cowboy Junkies Blue Moon Revisited (Song for Elvis) (1988) Est-ce crime de lèse-majesté que d’opter pour la sublime version de Blue Moon des Canadiens plutôt que celle magnifique du King. Non puisque les deux se valent en matière de beauté pure et parce que les Cowboys Junkies ont l’élégance suprême de dédier la leur à Elvis. Respect !
Fakear La Lune Rousse (feat. Deva Premal) (2016) On l’aura compris : en musique, la musique en fait voir de toutes les couleurs à Séléné : bleue juste au-dessus, jaune depuis La Nouvelle Orléans précédemment et ici rousse pour Fakear soutenue par la new-age Deva Premal tandis que les White Stripes se contentent, eux, de l’accorder à leurs rayures (White Moon en 2005 sur l’album Get Behind Me Satan).
Nick Drake Pink Moon (1971) L’auteur de l’album Five Leaves Left ou de la chanson Harvest Breed, comme en témoignent ces titres, est un observateur de la nature et des éléments. Nick Drake n’est pour autant pas particulièrement réputé pour voir la vie en rose et son ultime album Pink Moon correspond aussi à sa période la plus noire, entre paranoïa et addiction au cannabis (l’une pouvant s’expliquer par l’autre). Pourtant, en ressort cette céleste et émouvante complainte qui donne son nom à son album testamentaire.
Neil Young Harvest Moon (1992) Autre baladin céleste, Neil Young signe une de ses plus belles ballades d’un romantisme sans effet autre que celui de nous émouvoir. Vingt ans tout pile après son chef-d’œuvre, la moisson (“the harvest”) est belle sous une lune aux accents country-folk rehaussés par des chœurs féminins aériens. Chapeau bas et Heart of Gold, en bonus “because I’m still in love of you on this harvest moon”…
Caetano Veloso Tonada de la luna llena (1994) Sur le parfaitement nommé Fina Estampa, le Brésilien Caetano Veloso fantasme une pleine lune qu’on retrouvera ainsi restituée avec grâce dans La Fleur de mon secret de Pedro Almodóvar l’année suivante, cinéaste plus lunaire qu’on le croit puisqu’après La Luz de la luna de Chavela Vargas sur Kika (lire supra), il inclura la version de Moon River par Pedro José Sanchez Martinez dans une scène terrible de La Mala Educación.
https://www.youtube.com/watch?v=XxagTf9xGnI
Mecano Hijo de la Luna (1986) Valse sensible aux arrangements délicats et au piano doucement enchanteur, le tout emporté par la voix limpide d’Ana Torroja emporte l’adhésion d’un large public bien au-delà des frontières de l’Espagne, ce qui poussera même Mecano à passer de la langue de Cervantès à celle de Cyrano de Bergerac, autre admirateur de la lune.
Jacco Gardner Watching the Moon (2013) En 2013, le petit prodige néerlandais se révèle avec son premier album Cabinet of Curiosities qui attisera celle de nombre de fans de musique psychédélique et rêveuse qui les emporte jusque chez Jacco Gardner lui-même qui, l’année précédente, avait élu domicile sur le sol sélène dans A House in the Moon.
Nick Cave Moonland (2008) Sur le quatorzième album de Nick Cave et les Bad Seeds (le dernier avec le fidèle Mick Harvey qu’on retrouvera ensuite derrière les claviers de son homonyme PJ), Dig Lazarus Dig, double lune au programme avec le déclamatoire et envoûtant Moonland puis le tout aussi intense Jesus of the Moon.
Television Marquee Moon (1977) Fleur de bitume : quoi de mieux pour résumer ce groupe 100 % new-yorkais qui ne s’interdit pas d’être bucolique ? La guitare est tranchante, la voix coupante mais ce n’est que le début du morceau avant qu’il se lance en une cavalcade héroïque susceptible de déchirer le rideau (de fer ou non) en clôture du même album, et tout itou lyrique.
Mac DeMarco Moonlight on the River (2017) C’est quand même beau la Lune vue de la Terre, surtout quand elle se reflète sur une rivière caressée par Mac DeMarco dans un bucolisme interminable qu’on ne souhaite pas voir s’arrêter jusqu’à ce que Fleetwood Mac prenne le relais avec ses Sisters of the Moon.
Audrey Hepburn Moon River (1961) Audrey Hepburn chante Moon River sur Breakfast at Tiffany’s (épicétou !). Existe aussi en version cha cha…
Bourvil Clair de lune à Maubeuge (1961) Des années-lumière traversées, des voyages intergalactiques et intersidéraux. Et tout ça pour se retrouver à Maubeuge sur les conseils d’un Normand originaire de Bourville qui nous informe que « tout ça ne vaut pas… » et vous connaissez la suite… A moins que vous ne préfériez la Moon de Nino Ferrer. Ou, encore plus dingo, partir sur Andromeda avec Weyes Blood.
Shivaree Goodnight Moon (1999) Vous l’aurez compris, ici est venu le temps non de l’île aux enfants (qui elle aussi avait la tête dans les nuages) mais d’enclencher le Final Compte à Rebours (remember Europe) et de nous dire au revoir avec ce très beau morceau de Shivaree.
BONUS TRACK
Nena 99 Lufballons (1983) Publiée en pleine “guerre des étoiles”, la vraie, pas celle de George Lucas, 99 Luftballons rappelait en 1983 que la conquête de l’espace a longtemps été un concours de celui qui a la plus grosse entre l’URSS et les USA.
https://www.youtube.com/watch?v=La4Dcd1aUcE