En s’appuyant sur les derniers éléments de l’enquête, Mediapart et Libération ont révélé mardi 21 juillet comment les policiers ayant procédé à l’interpellation fatale de Cédric Chouviat, en janvier, à Paris, auraient tenté de s’exonérer de leur responsabilité. Leur hiérarchie les auraient en outre couverts.
Mardi 21 juillet, Mediapart et Libération ont publié des articles révélant les derniers éléments de l’enquête menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) visant à éclaircir les circonstances du décès de Cédric Chouviat, un livreur de 42 ans mort le 3 janvier dernier après son interpellation par quatre policiers, à Paris (VIIe). Et, d’après les documents consultés par les deux médias, non seulement les gardiens de la paix ayant procédé au contrôle auraient tenté de cacher leur responsabilité, mais leur hiérarchie les aurait également couverts.
Avant de décéder par arrêt cardio-respiratoire après avoir souffert de “manifestations asphyxiques”, Cédric Chouviat a répété à sept reprises “J’étouffe”, comme on peut l’entendre sur l’enregistrement de la conversation fait par la victime. Pourtant, lorsqu’ils sont auditionnés, les policiers présents sur les lieux assurent “n’avoir pas entendu les cris de détresse du livreur”, peut-on lire dans les colonnes de Mediapart. Etonnant puisque, comme l’indique le média, sur l’enregistrement audio de cette interpellation, l’un des gardiens de la paix répond “Monsieur”, à Cédric Chouviat, avant de dire à son chef de bord “C’est bon, c’est bon, lâche”, et ce “sur un ton paraissant empreint d’inquiétude” ont précisé les enquêteurs. Quand l’IGPN l’interroge à ce propos, ce dernier affirme ne plus se souvenir de cela, ni des motifs pour lesquels il a tenu ces propos auprès de son collègue.
Mais les zones d’ombre qui éveillent les doutes ne s’arrêtent pas là. Alors que les images filmées témoignent clairement de l’usage de la technique d’immobilisation controversée appelée « clé d’étranglement » par les policiers, le chef de bord mentionne seulement “un maintien de la tête”.
Autre élément qui interroge la démarche entreprise par les policiers : le temps écoulé avant d’enlever les menottes et de procéder à un massage cardiaque sur Cédric Chouviat, déjà en train de souffrir d’asphyxie. “1 minute 58 secondes environ”, pour le premier élément et “2 minutes et 56 secondes” pour commencer à procéder à un massage cardiaque, relate Mediapart. Questionné à ce sujet par l’IGPN, le chef de bord dit être “passé d’un contrôle à un malaise grave”, ne pas y avoir été “préparé”, et avoir été “très fatigué par les efforts déployés pour maîtriser M. Chouviat”, poursuit le média.
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Le rôle de la hiérarchie en question
En plus de ces éléments qui mettent à mal les versions des policiers, Mediapart et Libération révèlent aussi comment leur hiérarchie aurait tout fait pour les protéger. Un policier de la BAC venu en renfort, par ailleurs compagnon d’une des policières présente sur les lieux, se charge du compte rendu de l’intervention. Il affirme notamment à l’état-major de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) qu’“il n’y a pas eu d’étranglement ni de coups portés”. Une version, pourtant contredite par l’autopsie, qui sera ensuite reprise par un des commandants de police du VIIe arrondissement mais aussi dans les communiqués de presse de Didier Lallement, le préfet de police de Paris.
Actuellement, trois des gardiens de la paix concernés ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire pour « homicide involontaire », tandis que la quatrième a été placée sous le statut de témoin assisté. Comme le précisent Libé et Mediapart, ils sont toujours en fonction.
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