À l’approche des élections européennes, gauches radicales et insoumis se divisent sur la question de l’immigration. Alors que le leader des insoumis est pointé du doigt pour ses ambiguïtés, ses députés désertent la Fête de l’Humanité et le débat qui devait s’y tenir.
La création en Allemagne d’un parti économiquement très à gauche mais opposé à « l’ouverture des frontières à tous » – d’après sa fondatrice, une députée issue de Die Linke, Sahra Wagenknech – apporte la discorde au sein de la gauche radicale française. Dans ce contexte, La France insoumise (LFI) a annoncé boycotter la Fête de l’Humanité, se déroulant ce week-end à la Courneuve (Seine-Saint-Denis). Les députés insoumis qui devaient participer à un débat public seront donc absents de la manifestation en cette période de division et de listes séparées aux abords des élections européennes de mai 2019.
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Sur les réseaux sociaux, le chef de fil du Parti communiste français (PCF) pour ces élections (Ian Brossat), et son homologue insoumis (Manuel Bompard) se sont menés une guerre de tweet donc chacun appréciera la teneur.
En 1939, mon grand-père juif a fui la Pologne pour échapper à l'antisémitisme.
Heureusement pour lui, il est tombé sur des gens qui lui ont ouvert la porte, et non sur des doctes qui auraient disserté sur les 7 plaies d'Égypte avant de lui tendre la main. https://t.co/hTSUDBmsq8— Ian Brossat (@IanBrossat) September 11, 2018
Les idées d'Anne Hidalgo et du Parti Socialiste, l'affiche d'une démocrate américaine, le slogan du Front de Gauche et des méthodes abjectes qui n'ont rien à envier à la République en Marche. @IanBrossat est tristement en manque d'imagination.
— Manuel Bompard (@mbompard) September 12, 2018
La non-venue des insoumis à l’événement de ce week-end a été saluée hier par ce tweet de Ian Brossat :
Quand on est sûr de ses arguments, on ne fuit pas le débat.
Vive la Fête de l'Huma ;)— Ian Brossat (@IanBrossat) September 13, 2018
Le PCF, qui tient son congrès en novembre, est encore divisé sur la question de faire liste commune avec LFI. Lors de l’élection, mercredi dernier, du président de l’Assemblée nationale, le parti n’a pas présenté de candidat mais la plupart des députés ont préféré s’abstenir plutôt que de voter pour la candidate du parti de Jean-Luc Mélenchon.
Attaques de toute la gauche
Ce dernier a été, cette rentrée, l’objet d’attaques de la part de Benoît Hamon et d’Olivier Besancenot qui lui reprochent ses propos quant à l’effet néfaste de l’immigration sur les petits salaires. Le député de Marseille a tenu à clarifier la situation en cette rentrée en s’adressant à ses anciens camarades socialistes. »Je n’ai jamais cru à la liberté d’installation, c’est une fausse liberté. Il faut mener une politique raisonnable et le devoir d’humanité est indispensable, déclarait-il alors avant de continuer, [nous] disons : honte à ceux qui organisent l’immigration par les traités de libre-échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salariés », un discours très proche de celui tenu par Sahra Wagenknecht et son nouveau parti « Aufstehen ».
Plus tôt dans la semaine, une déclaration lors d’une interview avec nos confrères de L’Obs, de Djordje Kuzmanovic, son ex-porte-parole de la campagne présidentielle avait poussé Jean-Luc Mélenchon à s’exprimer sur ce sujet. Le premier avait parlé, au sujet du positionnement anti-migration du nouveau parti de gauche allemand, d’une mesure de « salubrité publique« . Jean-Luc Mélenchon s’était alors empressé de le contredire : « Le point de vue [que l’orateur] exprime sur l’immigration est strictement personnel. Il engage des polémiques qui ne sont pas les miennes ».
Ce n’est pas la première fois que le leader des insoumis s’attire les foudres du reste de la gauche – socialistes compris. À Marseille, le 9 septembre, il s’adressait à ses anciens camarades socialistes, cherchant à clarifier la position de son parti sur la question de la migration. « Les gens ne partent pas par plaisir, l’exil est une souffrance et le pied-noir qui vous parle le sait […] Je n’ai jamais cru à la liberté d’installation, c’est une fausse liberté. Il faut mener une politique raisonnable et le devoir d’humanité est indispensable. » Dans un entretient avec un journaliste de Marianne en septembre 2016, alors qu’il prenait ses distances avec le Front de Gauche, le futur candidat à la présidentielle déclarait : « Si on ne veut pas que les gens viennent, il vaut mieux qu’ils ne partent pas. Et il faut cesser de croire que les gens partent par plaisir. Donc éteignons l’une après l’autre les causes de leur départ. Elles sont très simples, c’est la guerre et la misère« . Le reste de la gauche l’avait aussitôt couvert d’anathèmes.
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