Théâtre, danse, performances, festivals : tous les spectacles à ne pas rater pour réussir son automne sur les planches.
ZOOM SUR IVO VAN HOVE
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Chaque création de l’artiste flamand fait événement. Autant dire notre bonheur de pouvoir découvrir coup sur coup ces trois spectacles créés à l’Internationaal Theater Amsterdam par un metteur en scène star prouvant son éclectisme en passant de la dernière œuvre de David Bowie à une adaptation des Damnés d’après le film de Luchino Visconti à la Comédie-Française, tout en multipliant les succès sous les néons de Broadway.
Le festin commence par le fameux monologue au téléphone d’une femme se désespérant de l’absence de son amant dans La Voix humaine de Jean Cocteau, se poursuit avec The Other Voice, où Ivo van Hove et l’auteur et comédien Ramsey Nasr donnent la parole à cet amant que Cocteau s’était contenté de cantonner dans le hors-champ.
Il faudra attendre le printemps pour goûter au dernier volet de cette trilogie du désamour proposée par le Théâtre de la Ville et découvrir The Hidden Force d’après De Stille Kracht (La Force des ténèbres) de l’auteur néerlandais Louis Couperus, où la magie noire finit de détruire un couple adultère dans la touffeur de l’île de Java.
La Voix humaine de Jean Cocteau, du 5 au 9 novembre (en néerlandais surtitré en français) au Théâtre de la Ville, Espace Pierre Cardin (Paris VIIIe)
The Other Voice de Ramsey Nasr (en néerlandais surtitréen français), du 13 au 16 novembre au Théâtre de la Ville, Espace Pierre Cardin (Paris VIIIe)
The Hidden Force de Louis Couperus (en néerlandais surtitré en français) du 4 au 11 avril au Théâtre de la Ville hors les murs à la Grande Halle de La Villette (Paris XIXe)
LA RENTRÉE DANSE
Faustin Linyekula
Artiste associé du Manège de Reims, Faustin Linyekula commence sa saison hors les murs, à l’abbaye Notre-Dame du Reclus à Talus-Saint-Prix puis au Parc de Champagne dans la ville des sacres. Il y présente Statue of Loss, pièce dédiée aux soldats africains morts pendant les guerres mondiales. L’occasion aussi de revoir une de ses créations coup de poing, Sur les traces de Dinozord (2012), sur les désirs, trajectoires et rêves des jeunes de Kisangani. Linyekula en majesté.
Statue of Loss Les 15 et 16 septembre à Talus-Saint-Prix puis Reims
Sur les traces de Dinozord les 11 et 12 octobre au Manège de Reims
Noé Soulier
Titre voyageur pour cet opus de saison signé Noé Soulier : Les Vagues. Le chorégraphe entend approfondir“cet espace intermédiaire où rien n’existe encore réellement, mais est en puissance d’apparaître”. Le tout en complicité avec des musiciens de L’Ensemble Ictus.
Les Vagues Du 14 au 17 novembre au Festival d’Automne/Théâtre national de la danse Chaillot (Paris XVIe), les 18 et 19 décembre au Théâtre Garonne de Toulouse
Dada Masilo
Après avoir botté le cul de Swan Lake, dans une revisite virevoltante et gay-friendly à souhait, la chorégraphe sud-africaine s’attaque à Giselle. Le retour de la tornade Dada Masilo est la bonne nouvelle de cet automne : sa Giselle sera féministe ou ne sera pas. On l’attend de pied ferme
Giselle Du 3 au 7 octobre à la Maison de la Danse de Lyon, du 13 au 16 novembre à Bonlieu Scène nationale Annecy, du 18 au 21 décembre à la Grande Halle de la Villette (Paris XIXe)
Ohad Naharin
Difficile d’échapper au chorégraphe star qu’est devenu Ohad Naharin : Decadance, son tube interplanétaire, entre au répertoire de l’Opéra de Paris pour réveiller la rentrée tandis que ses compagnies, La Batsheva et la Batsheva Dance Company, s’installent à Chaillot avec quatre programmes événements. Tous gaga d’Ohad, en résumé.
Decadance Du 25 septembre au 19 octobre au Palais Garnier (Paris IXe)
Tous Gaga Du 10 au 27 octobre au Théâtre national de la danse Chaillot (Paris XVIe)
Maguy Marin
En deux temps trois mouvements, l’un à Lyon, le second à Paris et l’autre à Toulouse, Maguy Marin est célébrée toute la saison avec une création, Ligne de crête, ou des reprises. On pourra ainsi voir ou revoir May B ou le plus rare Ha ! Ha ! Enfin, Traces,un film de David Mambouch, accompagnera une exposition, histoire d’honorer trente-cinq ans de création.
Ligne de crête Du 11 au 15 septembre à la Biennale de la danse de Lyon, du 25 septembre au 6 octobre au Théâtre des Abbesses, Paris (XVIIIe)
May B Du 29 novembre au 1er décembre au Théâtre de la Cité (TNT) Toulouse
Christos Papadopoulos
Venu de Grèce, ce chorégraphe, remarqué en 2017 lors des Chantiers d’Europe, donne Ion, pièce hypnotique pour une dizaine d’interprètes. Entre survie et transe, cette œuvre fait son – petit – effet bluffant. Un talent à suivre.
Ion Du 5 au 7 novembre au Théâtre des Abbesses (Paris XVIIIe)
Lia Rodrigues
Fúria fait écho aux mots de l’écrivaine Clarice Lispector : “Le monde ne me fait pas peur si je suis allée dans le monde.” Cette “fureur” chorégraphiée par Lia Rodrigues pour dix danseurs se veut une réflexion sur ce qui nous entoure et nous fait peur. Choc attendu.
Fúria Du 30 novembre au 7 décembre au Festival d’Automne/Théâtre national de la danse Chaillot (Paris XVIe), du 12 au 15 décembre au CentQuatre (Paris XIXe)
LA RENTRÉE THÉÂTRE
Thomas Ostermeier
Pour sa première création dans la maison de Molière, Thomas Ostermeier choisit de monter une pièce de Shakespeare où le comique des imbroglios amoureux doit beaucoup au trouble saisissant né de la sensualité du travestissement. Echo à notre époque où le genre est sur toutes les lèvres, l’identité sexuelle se masque et se dévoile en s’utilisant comme un joker apte à pervertir les règles d’un jeu de la vérité dont plus personne n’est dupe. S’attachant à mettre en lumière les envers du désir, c’est à travers l’inassouvi, le réprimé et le détraqué que le metteur en scène compte user la violence bouleversante des corps pour nous guider dans ce monde en folie.
La Nuit des rois ou Tout ce que vous voulez Du 22 septembre au 28 février à la Comédie-Française (Paris Ier)
Frédéric Bélier-Garcia
Du port considéré catastrophique de la robe de chambre à la question de savoir si les fraises se mangent à la cuillère ou à la fourchette, Dans la luge d’Arthur Schopenhauer, la pièce de Yasmina Reza, s’amuse à transformer des débats sur le sexe des anges en interrogations existentielles. Destinée à un quatuor d’acteurs, cette partition où l’humour suinte au coin des mots est défendue, dans la mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, par l’auteure qui renoue avec le métier de comédienne et par les grosses pointures que sont Jérôme Deschamps, André Marcon et Christèle Tual.
Dans la luge d’Arthur Schopenhauer Du 15 au 26 octobre au Quai, centre dramatique national d’Angers, du 31 octobre au 3 novembre à La Scala (Paris Xe)
Hideki Noda
Ce voyage féerique de deux sculpteurs d’effigies de Bouddha partis à la rencontre de princesses jumelles débouche sur une explosion de violence dans le cadre enchanteur d’une forêt de cerisiers en fleurs. Inspiré par deux textes d’Ango Sakagushi et devenu un classique du théâtre contemporain japonais, ce témoignage de la fragilité des destins individuels pris dans la tourmente de l’histoire collective ne cesse d’être remis sur le métier par Hideki Noda depuis sa création en 1989.
Sous les fleurs de la forêt de cerisiers Du 28 septembre au 3 octobre (dans le cadre de Japonisme 2018) au Théâtre national de la danse Chaillot (Paris XVIe)
Rodrigo García
Nous conviant à la visite d’un cabinet de curiosités conçu sous la houlette de savants portant des noms de clowns, la dernière création de Rodrigo García cherche les clefs de l’au-delà en se déclinant à la manière d’un cadavre exquis. Du don d’ubiquité à l’envahissement du monde par les poux et à l’apparition d’une humanité d’hommes-mouches, le spectacle creuse une mine de fantasmes dans sa quête drolatique et hallucinée de la pierre philosophale.
Pippo y Ricardo – Encyclopédie de phénomènes paranormaux Du 19 au 21 septembre à Bonlieu Scène nationale Annecy
Richard Maxwell
Dernier volet d’un triptyque consacré à La Divine Comédie de Dante, Paradiso de l’Américain Richard Maxwell nous entraîne vers des ailleurs immaculés dignes des situations vécues lors des expériences de mort imminente. Un univers à la blancheur aveuglante qui s’amuse de la science-fiction et met en scène un robot sur roulettes qui accueille les participants de l’intrigue en maître de cérémonie se réclamant d’une présence digne du divin.
Paradiso Du 2 au 6 octobre au Théâtre Nanterre-Amandiers (en anglais surtitré)
Philippe Quesne
Se réinventer, c’est imaginer la possibilité d’une île et un ailleurs de virginité retrouvée. Tout commence par le cauchemar du crash d’un avion sur un caillou coiffé de palmiers au cœur de l’océan. Lost n’est pas loin. Mais avec Philippe Quesne, l’humanité se saisit à travers des petits riens. Ponctué de chansons et d’intermèdes musicaux, le spectacle lâche la bride à ces Robinson qui convoquent les récits des grands auteurs, d’Homère à Shakespeare en passant par Jules Verne. Avec son lot de reptiles géants et de sirènes, la terra incognita se révèle alors dans l’utopie pince-sans-rire d’un pur pays de fantasmes.
Crash Park, la vie d’une île Du 20 novembre au 9 décembre au théâtre Nanterre-Amandiers
Pascal Rambert
Fasciné par le charme électrique de la rencontre entre Audrey Bonnet et Marina Hands lors de la création d’Actrice en 2017, Pascal Rambert leur dédie Sœurs pour sculpter l’argument de sa nouvelle pièce à l’énergie hors norme que lui inspire leur présence. Un dialogue de violence et de passion où le conflit propre à la sororité se purge d’abord dans une lutte à mort avant d’envisager une paix des braves où les masques finissent par tomber.
Sœurs Du 6 au 9 novembre à Bonlieu Scène nationale Annecy, du 23 novembre au 9 décembre au Théâtre des Bouffes du Nord (Paris XVIIIe)
Nicolas Stemann
Avec son roman Meursault contre-enquête, Kamel Daoud rendait hommage à l’homme assassiné dans L’Etranger, cet Algérien à qui Camus n’avait pas cru bon de donner un nom. Au moment de la crise des réfugiés et des vagues d’attentats, Nicolas Stemann prend prétexte du livre pour questionner l’attitude sécuritaire de l’Europe d’aujourd’hui et l’obscène de sa politique sur l’immigration à l’aune de son passé colonialiste.
Contre-enquête d’après Kamel Daoud, du 14 au 24 novembre au Théâtre Vidy-Lausanne Suisse
Julien Gosselin
Deux angles de vue diamétralement opposés pour entrer dans l’univers théâtral de Julien Gosselin au Festival d’Automne à Paris. Soit le grand angle avec sa trilogie Don DeLillo – Les Noms, Joueurs, Mao II –, qui plonge huit heures durant le public dans trois romans de l’auteur américain dont le fil rouge est une réflexion sur le terrorisme. Soit le gros plan avec Le Père, un monologue interprété par Laurent Sauvage sur l’histoire d’un agriculteur, adapté de L’Homme incertainde Stéphanie Chaillou.
Le Père Du 13 au 29 septembre à la MC93 Bobigny
Les Noms, Joueurs, Mao II Du 17 novembre au 22 décembre à L’Odéon – Théâtre de l’Europe (Paris VIe)
OPÉRA
Warlikowski versus Castellucci
Réunion de titans à La Monnaie de Bruxelles avec une ouverture de saison où Romeo Castellucci monte, sur des chorégraphies de Cindy Van Acker, La Flûte enchantée de Mozart sous la baguette d’Antonello Manacorda, tandis que Krzysztof Warlikowski enchaîne avec une très attendue mise en scène de De la maison des morts de Leoš Janáček dirigée par Michael Boder.
La Flûte enchantée de Mozart, du 18 septembre au 4 octobre
De la maison des morts de Leoš Janáčeck, du 6 au 17 novembre à La Monnaie à Bruxelles, Belgique
FESTIVALS
Next Festival
De Lille à Courtrai et de Tournai à Valenciennes, ce festival transfrontalier aime aussi la transdisciplinarité. En tout, 45 spectacles sont au programme de l’édition 2018 où l’on pourra croiser El Conde de Torrefiel, Nature Theatre of Oklahoma, Sanja Mitrovic, Marta Górnicka, Oskaras Korsunovas, Krystian Lupa, Maud Le Pladec, Rodrigo Garcia, Jan Martens, Martin Schick, Gurshad Shaheman, Alexandra Badea ou encore Forced Entertainment. L’Europe au sens large !
Du 8 novembre au 1er décembre
Biennale de danse de Lyon
Avec son choix de créations made in France (Maguy Marin, Angelin Preljocaj, Rachid Ouramdane ou Mourad Merzouki) et ses coups de génie (La Symphonie fantastique avec l’Orchestre national de Lyon et Saburo Teshigawara), la manifestation lyonnaise n’a pas de mal à marquer septembre de son empreinte.
Outre un volet sur la réalité virtuelle (avec le parcours connecté de Gilles Jobin et Yoann Bourgeois), la Biennale ose une plate-forme européenne de jeunes pousses (Pierre Pontvianne, Cécile Laloy ou Claudia Dias). Le hip-hop est programmé en force avec des maîtres comme Kader Attou ou Mourad Merzouki, une vedette en puissance (Jann Gallois) et les improbables Japonais de Tokyo Gegegay.
De quoi satisfaire un large public. On pourra préférer le talent protéiforme d’Alessandro Sciarroni, dont l’Augusto a des allures de rêve éveillé.
Jusqu’au 30 septembre à Lyon et alentours
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