La réalisatrice de porno engagé lance une levée de fond pour un film combattant l’agisme dans le sexe
En hommage à la féministe révolutionnaire Olympe de Gouges, Olympe de G. est une réalisatrice de films pornographiques qu’elle décrit comme « sexuellement explicites et cinématographiquement ambitieux » ; ils sont également caritatifs, inclusifs, éthiques. Aujourd’hui, elle lance une levée de fond pour son film La dernière fois de Salomé, qui brise les tabous autour de l’agisme notamment. Rencontre.
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Comment en êtes-vous venue à travailler dans l’univers porno ?
Olympe de G – Je me suis tournée d’abord vers la réalisation de clips et de publicités, j’ai travaillé sur un premier court métrage de fiction qui ne m’inspirait, j’ai divorcé et vers 32 ans, je me suis dit que je voulais exprimer quelque chose sur la sexualité, et j’ai décidé que j’allais tourner un film porno. J’ai découvert le travail de Lucy Blush et Erika Lust. Je me suis dit que je devais réaliser un porno, je voulais montrer une sexualité féminine dont je suis fière, dont les femmes sont fières. J’ai un passé de shaming : quand j’ai osé exprimer mes fantasmes on me les a renvoyé dans les dents. Ca a été intéressant de diriger les acteurs ayant moi-même été dans cette position de livrer son corps.
Vous jouez également dans vos films. Comment vivez-vous cette expérience ?
J’ai joué dans Bitch Hiker, mon premier court métrage porno. J’ai toujours fait de la moto, et les mecs kiffent l’idée mais moins de monter derrière moi. J’avais ce fantasme d’un mec hyper à l’aise en moto, un autostoppeur à Berlin. Je lui demande de se mettre à poil puis je le prends car j’ai un gode ceinture, j’ai ressenti une véritable émotivité en le pénétrant, c’était très émouvant de sentir quelqu’un d’aussi fragile entre ses mains, on a peur de faire mal, de mal faire. C’était une sorte de Easy Rider symbolique.
Vous avez enchainé avec plusieurs films engagés n’est-ce-pas ?
Oui, j’ai écrit un poème nommé Don’t call me a dick, où l’on voit un sexe filmé de très près. Celui-ci célèbre la beauté d’un sexe : j’ai filmé en ultra slow motion et capturé une éjaculation féminine à 2 000 images secondes, ce qui avait jamais été vu. Puis j’ai dirigé Take me through the looking glass, inspiré par Paris, Texas, avec une scène de peep show et c’est finalement un homme qui fait du poledance. Puis un film plus politique, plus queer, sur le consentement, qui s’appelle We are the Fucking World, et on a envoyé les fonds gagnés à Amnesty International. Je ne touche pas d’argent avec mes films, je reverse systematiquement les gains, je veux faire un porno qui fait du bien dans tous les sens du termes.
Pouvez-vous nous parler du film pour lequel vous avez lancé une levée de fonds ?
Là, c’est l’histoire de Salomé, qui a 73 ans, qui a décidé de mettre fin à ses jours et qui cherche la personne avec laquelle elle fera l’amour une dernière fois, ça sera comme un faux documentaire avec des candidats et des candidates. Je veux que le film soit franchement porno, mais aussi qu’il ait une version moyen métrage sur le circuit de la fiction, je vois pas pourquoi ca ne serait pas possible ou prétentieux, on a besoin de representation de l’acte sexuel, il a sa place dans les deux sphères.
Quel avenir pour le porno féministe ?
Il faut repenser le financement du modèle économique porno, pour développer des financement collaboratif, qui trouverait des financements différemment. Youporn ne peut se permettre de ne faire que tu porno amateur, pour changer les mentalités et la perception de la sexualité féminine, pas un freak show, sans être dans une fétichisation de tout ce qui sort de la norme, tout devrait être filmé avec sensibilité et respect.
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