Avec « Scala », sa dernière création, le poète et acrobate Yoann Bourgeois nous entraine dans un rêve hallucinant avec un spectacle qui ouvre la saison du nouveau théâtre privé parisien.
La Scala a fait peau neuve au 13 boulevard de Strasbourg. Ce n’est pas tous les jours qu’on est en situation d’annoncer l’ouverture d’un nouveau théâtre au cœur de Paris. La salle créée en 1873 fut d’abord un des plus réputés cafés concerts de la capitale avant de vivre une série de mues qui la transforme dans les années trente en un magnifique cinéma exaltant le faste du style Art Déco.
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Devenu un multiplexe dédié aux films pornographiques dans les années 70, le lieu finit par fermer dans les années 90 et continue sa descente aux enfers en devenant un refuge pour les pigeons du quartier durant des décennies. C’est à l’initiative du couple formé par Mélanie et Frédéric Biessy que la salle renoue avec sa mission d’être un lieu de spectacle au service du public à travers le projet d’un théâtre privé soutenu par le ministère de la culture et des fonds publics.
C’est au décorateur-star Richard Peduzzi que les Biessy confient le projet architectural. Celui qui fut le scénographe de Patrice Chéreau, a repensé le lieu de A à Z. Des espaces du hall à ceux du restaurant, son projet se joue de toute évidence de multiples contraintes pour donner toute la place disponible à une belle salle modulable baignée dans la douceur chromatique d’un bleu nuit très profond.
Scala de Yoann Bourgeois, un spectacle sur-mesure pour l’ouverture du théâtre
C’est la dernière création de Yoann Bourgeois qui inaugurait cette nouvelle scène en cette nuit de gala du 11 septembre où le tout Paris artistique et politique transforma le lieu en une ruche surpeuplée. Titré Scala, son spectacle se joue du sur-mesure d’un projet conçu pour cet espace avec une scénographie qui se réclame d’un assemblage de volumes s’habillant dans un effet caméléon du même bleu que celui de la salle.
Un espace intime où l’on reconnaît une chambre et une cuisine de part et d’autre d’un escalier monumental dont les volées montent vers le ciel comme une promesse d’avenir. Yoann Bourgeois nous compte l’histoire d’un couple obligé de se démultiplier pour affronter la folle entreprise dans laquelle ils viennent de se lancer. La figure de l’homme est incarnée par cinq garçons, celle de la femme par deux filles.
Vision d’un monde halluciné
Sept artistes circassiens d’exception s’amusent de ces dédoublements pour rebondir sur des trampolines et disparaître dans les dessous avant de rentrer par des portes et se battre avec une réalité où les rêves d’élévation et le cauchemar de chuter vont sans cesse de paire. Vision d’un monde halluciné, le spectacle de Yoann Bourgeois est une réussite. Comme un sous-texte malicieux, on ne peu s’empêcher d’y voire la chronique des folles tribulations qui ont conduit Mélanie et Frédéric Biessy à mener à bien la renaissance de la nouvelle salle parisienne. Sa manière poétique de prendre date de la construction du navire à l’instant où il largue les amarres pour des croisières sur les mers du spectaculaire.
Scala, conception, mise en scène et scénographie Yoann Bourgeois, jusqu’au 24 octobre, La Scala Paris 10e.
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