Quels sont les films à aller voir, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
Invasion de Kiyoshi Kurosawa
Avec Kaho Shôta Sometani, Masahiro Higashide
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Kioshi Kurosawa reprend le thème des “body snatchers”, abordé dans son film précédent, Avant que nous disparaissions, et crée l’effroi avec une efficace économie de moyens et d’effets spéciaux. Comme Tourneur ou Lynch ou certaines photos de Cindy Sherman, l’auteur de Shokusai est capable de faire naître la tension avec peu de moyens et d’effets spéciaux : un appartement vide, un contexte banalement quotidien, un peu d’ombre dans un coin, un vent qui se lève, un hors-champ mystérieusement chargé de menace et on est pris, tendu, prêt à voir surgir on ne sait quel danger.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Serge Kaganski.
Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin
Avec Dylan Robert, Kenza Fortas, Idir Azougli
C’est l’histoire de Zac(hary), un délinquant qui sort d’un centre de détention pour mineurs quand le film commence. Zac a une tête de lion, avec ses longs cheveux méchés de blond (Dylan Robert, une vraie découverte, plein de charisme). Zac fait la connaissance d’une prostituée, Shéhérazade, une jolie fille qui suce son pouce quand elle est triste. Et quasiment par inadvertance, naturellement, Zac s’installe chez elle et devient son protecteur, son proxénète. C’est fou, noir, ultracontemporain, politique et passionné.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
Fièvre sur Anatahan de Josef von Sternberg
Avec Akemi Negishi, Shōji Nakayama
En amont du film, il y a un épisode réel et insensé de la Seconde Guerre mondiale. Des militaires japonais sont victimes d’un naufrage dans le Pacifique et échouent sur une île volcanique. Ils y trouvent refuge pendant six ans, d’abord dans l’ignorance de la fin du conflit, puis dans la suspicion que la nouvelle soit une ruse de l’ennemi. Et puis il y a l’exil du cinéaste, Josef von Sternberg, au bout de sa carrière américaine, qui s’empare de ce fait divers militaire pour échapper lui aussi à une censure, celle de la société hollywoodienne rabotant en tous sens, depuis des lustres, ses embardées extravagantes de grand esthète. Fièvre sur Anatahan avance sur d’étranges sables mouvants. Tout y semble dangereux, instable, d’une toxicité suave.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Marc Lalanne.
Photo de famille de Cécilia Rouaud
Avec Vanessa Paradis, Camille Cottin, Pierre Deladonchamps
https://www.youtube.com/watch?v=b8ESPVz2Qe0&t=32s
Quand le film débute, Bacri perd son père et sa mère, sa mémoire. Toute la famille se retrouve au cimetière. Que va-t-on faire de Mamie qui yoyote de la touffe ? Car chacun a ses soucis : Vanessa Paradis (Gabrielle) est la gentille ; Deladonchamps (dont le prénom est Mao…) est dépressif et mélancolique (Deladonchamps, quoi) ; Camille Cottin (Elsa) ne parvient pas à concevoir un enfant avec son compagnon si bien qu’elle est tout le temps sur les nerfs (Camille Cottin, quoi). Photo de famille, derrière son écriture ironique trop bien contrôlée, manque en fait de violence, de méchanceté, de cruauté, des éléments inhérents à toute famille. Une comédie n’a pas à être gentille. « Quand tu ris, tu pleures« , disait le grand cinéaste sénégalais Ousmane Sembène
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
A la recherche d’Ingmar Bergman de Margarethe von Trotta
Dans ce documentaire, réalisé à l’occasion du centenaire de la naissance de Bergman, Trotta rencontre des amis, collaborateurs et membres de la famille du metteur en scène, qui les racontent, lui et son cinéma. Si vous n’avez jamais entendu parler d’Ingmar Bergman, le film, de forme très classique, est fort instructif, didactique, un peu compassé. Si vous connaissez bien le cinéma et l’œuvre écrit de Bergman (les indispensables Laterna Magica et Images), vous n’apprendrez pas grand-chose, sinon rien, même si le film est plaisant et qu’il est toujours agréable de revoir des images du génie suédois.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
Le Célibataire d’Antonio Pietrangeli
Avec Alberto Sordi, Sandra Milo, Madeleine Fischer, Nino Manfredi
https://www.youtube.com/watch?v=b4H796t_Ilo
Le film raconte l’histoire d’un célibataire invétéré, qui courtise
et séduit des femmes, mais part en courant dès qu’elles parlent
de mariage. Jusqu’au jour où il se dit qu’une épouse, ce n’est pas
si mal que ça. Le Célibataire d’Antonio Pietrangeli est une comédie assez modeste, avec des hauts comiques et des bas ennuyeux, dont l’intérêt repose essentiellement sur l’interprétation d’Alberto Sordi, incarnant ici son personnage préféré (et celui qui l’a rendu célèbre) dans les années 1950 : celui de l’Italien roublard, menteur, vantard, dragueur, macho, assez “souple” avec la loi, les impôts et la morale.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
Whitney de Kevin Macdonald
Là où le film que consacre Kevin Macdonald à Whitney Houston trouve un coup à jouer, une manière de s’incarner avec force, tout en restant
dans les clous connus du biopic de star – rise and fall rythmé par les archives télé électrisantes, les confessions feutrées des proches et le semi-tabou de la dope –, c’est bien en faisant d’elle une sacrifiée d’un genre particulier. Une sacrifiée pop, certes, banalement consumée par les abus les plus courants du show-business, mais une sacrifiée romanesque aussi, rattrapée comme l’héroïne de Flaubert par une espèce de médiocrité du monde.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Théo Ribeton.
Sofia de Meryem Benm’Barek
Avec Maha Alemi, Lubna Azabal
Suite à un déni de grossesse, Sofia, 20 ans, se retrouve dans la situation d’accoucher hors mariage, ce qui constituerait un grave délit dans son pays, le Maroc. Pour son premier film, Meryem Benm’Barek appuie sur des points d’actualité brûlants : le patriarcat oppressif d’un certain islam, l’urgence de l’émancipation des femmes devenue un sujet majeur de l’époque suite
à l’affaire Weinstein. Plus le film avance, plus il échappe à son dispositif. Meryem Benm’Barek échappe au propos convenu ou à une dramaturgie prévisible et fait du bon cinéma, ce qui ne l’empêche pas de parler de la condition féminine au Maroc et, plus largement, des rapports de classe et même des effets résiduels du postcolonialisme.
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