Après des mois de protestations, l’université de Californie du sud met fin à son exposition sur John Wayne. L’acteur mythique a en effet tenu des propos racistes et homophobes dans une interview datant de 1971 qui refait surface.
En décembre dernier, l’université de Californie du sud (USC) réagissait face aux multiples plaintes d’enseignant·es et étudiant·es demandant le retrait de l’exposition permanente dédiée à John Wayne. Selon le Daily Trojan, il n’était pas encore question de retirer l’exposition mais de créer un espace supplémentaire dédié au cinéma amérindien, au féminisme et à la pensée critique du racisme systémique. Ce geste diplomatique n’a pas suffi à apaiser le scandale car, « en maintenant vivant l’héritage de Wayne, le département des arts cinématographiques soutient la suprématie blanche », dénoncent les élèves. Aujourd’hui, c’est chose faite : après des mois de protestations, l’exposition permanente rendant hommage à l’ancien élève de l’USC n’existe plus.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Announcement concerning the John Wayne exhibit: pic.twitter.com/8vg5tUUjCj
— USC School of Cinematic Arts (@USCCinema) July 10, 2020
L’acteur légendaire a toujours été connu pour ses positions politiques extrêmement conservatrices – il a soutenu l’invasion du Vietnam, Ronald Reagan, une certaine censure morale du cinéma et, bien sûr, l’anti-communisme. Mais un numéro de Playboy de 1971 a refait surface ces dernières années, mettant en lumière des propos racistes et homophobes de l’acteur.
Dans cette interview, alors que le journaliste demandait à John Wayne son avis sur l’actualité, et notamment ce qu’il pense d’Angela Davis, il répondait : « Je crois en la suprématie blanche tant que les Noirs ne seront pas formés au point de pouvoir exercer des responsabilités ». Et ajoute ne pas « se sentir coupable du fait que voici cinq ou dix générations, ces gens étaient des esclaves ». Il disait aussi regretter que « certains Noirs tentent de forcer la main pour entrer à l’université alors qu’ils n’ont pas réussi les tests et n’ont pas le bagage requis ». A propos de la colonisation de l’Amérique du Nord il déclarait carrément ne pas avoir « le sentiment que nous [les colons] avons fait quelque chose de mal en s’installant sur leur territoire […] C’était simplement une question de survie. Beaucoup de gens avaient besoin de terres et les Indiens voulaient toutes les garder pour eux. »
Au sujet de deux films contemporains, Macadam Cowboy (Midnight Cowboy) de John Schlesinger et Easy Rider de Dennis Hopper – mettant en scène, entre autres, des relations homosexuelles – il n’hésitait pas à les qualifier de « pervers » : « Je n’ai rien contre les scènes de sexe à l’écran entre un homme et une femme. C’est quelque chose que Dieu nous a donné et je ne vois pas pourquoi nous ne devrions pas le montrer dans des films. Le sexe sain et lascif, c’est génial. » A ses yeux le film culte de Schlesinger avec John Voight dans le rôle d’un cow-boy gigolo et Dustin Hoffman, n’était que l’« histoire de deux pédés (sic) ».
>> À lire aussi : Ford, les années 30
Quel héritage pour John Wayne ?
Depuis la polémique, le fils du « Duke », Ethan Wayne, tente maladroitement de prendre la défense de son père. Selon lui, l’acteur « croyait que nous pouvons apprendre du passé, mais sans pour autant le raser […] il jugeait tout le monde en tant qu’individu et pensait que tout le monde méritait sa chance ». La preuve ultime étant, à ses yeux, qu’« il a embauché et travaillé avec des gens de toutes races, croyances et orientations sexuelles ».
A ce propos, il faut relire notre entretien avec la sociologue et militante anti-raciste Robin DiAngelo, autrice de Fragilité blanche. Ce racisme que les Blancs ne voient pas (Ed. Les Arènes) qui nous expliquait : « Tant que le racisme sera défini comme des actions individuelles malveillantes à l’égard des Noir·es, les Blanc·hes auront une attitude défensive. C’est en fait un stratagème de défense brillant. D’un côté, ça donne le sentiment qu’on s’accorde tous·tes sur le fait que le racisme c’est mal, et en même temps, tout le monde se sent extérieur à lui. C’est le racisme, sans racistes ! »
Cette polémique autour de la figure de John Wayne n’est pas une première comme le rapporte le Guardian. Fin juin 2019, le parti démocrate a demandé à ce que l’aéroport John Wayne du comté d’Orange soit rebaptisé, en réponse aux propos tenus dans Playboy. Le président Donald Trump avait d’ailleurs, sur Twitter, qualifié cette demande d’« incroyablement stupide » :
Can anyone believe that Princeton just dropped the name of Woodrow Wilson from their highly respected policy center. Now the Do Nothing Democrats want to take off the name John Wayne from an airport. Incredible stupidity!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 29, 2020
>> À lire aussi : Les 10 meilleurs films sur la vie politique américaine
>> À lire aussi : Avec “Easy Rider”, Peter Fonda incarna la quête de liberté
{"type":"Banniere-Basse"}