Le sequel de Prometheus retouille une fois encore les ingrédients de la saga.
A quoi ressemble une suite d’Alien ? Une semaine après l’annonce par Ridley Scott himself d’une annulation pure et simple du projet d’Alien 5 mené par Neill Blomkamp, il semble hélas possible qu’on ne l’apprenne jamais. Certes, c’est un poil exagéré : la franchise est tout à fait susceptible de stimuler de nouveaux projets mais Scott, de son côté, ne semble plus tant s’intéresser à sa continuité qu’à ses entrailles.
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Dans le pas très enthousiasmant Prometheus, puis dans cet un peu plus convaincant Covenant, Alien n’a jamais autant eu l’air d’une base de données à explorer plutôt que d’une histoire à poursuivre : la répétition ad libitum de l’arrivée d’un vaisseau sur une planète infectée par le monstre, comme cauchemar récurrent, jamais ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, vécu par ces équipages d’anonymes décimés par la bête sitôt qu’ils ont remplacé leurs prédécesseurs.
Une régularité placide de l’horreur faite de scènes connues et rodées
La saga est entrée dans une sorte de quasi-platitude, une régularité placide de l’horreur faite de scènes connues et rodées, rythmées par le cycle de vie de la créature (les cocons, l’éclosion, le facehugging, le combat final…) et manipulées par les films comme des lignes de codes, des blocs à recombiner.
Covenant n’échappe pas à la règle et c’est son aspect le moins intéressant : cette façon de faire de la saga un pur bac à sable théorique, un lieu d’expérimentations sur l’existant, de réinterprétation et de SF réflexive qui se demande d’ailleurs pour la milliardième fois à quoi rêvent les androïdes (question aujourd’hui plus métachic que vraiment profonde, non ?) avec un rôle de premier plan pour Michael Fassbender.
Mais si le film laisse son empreinte, c’est parce qu’il croit tout de même à son casting avec une ferveur qui manquait cruellement à Prometheus : on savourera le contre-emploi très pertinent de Danny “Kenny Powers” McBride, et surtout la partition racée d’une Katherine Waterston qui n’a pas à rougir de la comparaison avec la Sigourney Weaver dont elle hérite, et mène le bouquet final à des hauteurs dramatiques et spectaculaires assez inattendues.
Alien : Covenant de Ridley Scott (E.-U., 2017, 2 h 02)
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