Mediapart révèle que François de Rugy et sa femme ont organisé des somptueux dîners entre 2017 et 2018, aux frais de la République. Le ministre d’Etat s’est défendu sur France Inter.
C’est un coup de semonce pour François de Rugy, ancien président de l’Assemblée nationale, et actuel ministre de la Transition écologique. Ce 10 juillet, Mediapart a publié une enquête mettant en cause les dépenses que lui et sa femme, Séverine de Rugy (journaliste people à Gala), ont engagées aux frais de la République lors de dîners entre amis (une dizaine, entre octobre 2017 et juin 2018). Les documents, photos et témoignages recueillis par le journal en ligne parlent d’eux-mêmes, et se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Sur les photos, on voit notamment le couple poser à des tables joliment décorées, avec en premier plan des homards géants, du vin luxueux ou du champagne.
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Champagne, vins luxueux, homard… François de Rugy, qui jouait les chevaliers blancs s'offrait des beaux dîners avec sa femme et ses invités aux frais de la république à l'assemblée. Quel scandale! https://t.co/UGCgmStL63 #DeRugy #DirectAN pic.twitter.com/HxfdFfK5ar
— Nils Wilcke (@paul_denton) July 10, 2019
Des vins à plus de 500 euros la bouteille
Ces images sont du plus mauvais effet, d’autant plus que ces dîners étaient souvent organisés dans les salons de l’hôtel de Lassay, la résidence du président de l’Assemblée nationale, sans qu’ils aient un lien évident avec ses fonctions. Or François de Rugy avait placé la transparence et les économies de dépenses publiques parmi ses priorités. “Je veux qu’on sache bien, à l’Assemblée nationale, qu’est-ce qui coûte quoi. Aussi bizarre que ça puisse paraître, aujourd’hui ce n’est pas le cas”, déclarait-il à Quotidien en septembre 2017.
Lors de ces dîners, auxquels participaient entre dix et trente personnes, et pour lesquels le personnel de l’Assemblée était mis à contribution, le couple de Rugy proposait à ses invités des grands crus directement issus des caves de l’Assemblée – toutes les bouteilles identifiées sur les photos valent plus de 100 euros, et certaines jusqu’à 550 euros. “Ce n’était pas vraiment le genre à la bonne franquette, ça, c’est sûr”, se souvient un participant cité par Mediapart.
“Le dîner est un espace ambigu”
Le cabinet de François de Rugy a répondu par écrit à Mediapart. Pour le ministre, il ne s’agit là que de « dîners informels liés à l’exercice de ses fonctions avec des personnalités issues de la société civile ». Pourtant, l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie, dont la femme est une amie de Séverine de Rugy, a participé à un de ces dîners, et estime que « ce n’était pas un dîner de travail » : “C’est une invitation qui m’est parvenue par ma femme. J’ai hésité à y aller parce que si le déjeuner est un espace de travail, le dîner est un espace ambigu. Là, j’ai dit oui… J’ai vite compris que cela n’avait pas beaucoup de sens d’être là pour moi. Ce n’est pas un dîner de travail. Et si c’était à refaire, non, je ne le referais pas.”
Interrogé sur France Inter sur cette polémique, François de Rugy a défendu ce 10 juillet que sa femme et lui n’avaient “rien à [se] reprocher”. “Cela faisait partie de mon travail”, affirme-t-il. Et il ajoute : “On reproche souvent aux hommes et aux femmes politiques d’être coupés, d’être dans une forme de bulle politique, moi j’ai toujours souhaité que l’Assemblée nationale soit ouverte”.
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