Refuser la frénésie du healthy et dénoncer le greenwashing, ou comment les anti-bio tiquent.
Ce cheeseburger fait le fier, et pour cause. Le 23 août, c’était sa journée dans le monde entier, le National Burger Day. Pour l’occasion, des chefs de tous horizons se sont laissés aller à leurs fantasmes les plus caloriques.
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Dans la photo ci-dessus, une famille complète de fromages et un building entier de steaks ont ainsi submergé les tranches de pain. Sur Instagram apparaissent des photos de compositions tout aussi dégoulinantes, accompagnées du hashtag #Retox comme une revendication anti-diète, qui grandit progressivement sur les sites de recettes et les comptes dédiés.
Le but ? Imaginer les plats les plus “interdits” et donc les plus désirables. On y découvre des sandwichs aux raviolis enrichis de chips, du bacon couvert de chocolat ou des kebabini (kebab-panini). Entre les frites, on peut deviner un pied de nez fait à une tendance omniprésente et pernicieuse : celle de la “healthy food”.
Bourrés d’antioxydants, sans lactose ni gluten, à consommer dans le noir ou un soir de pleine lune : de Brooklyn à Belleville en passant par Shoreditch, les menus des cantines bobo ressemblent de plus en plus à des feuilles médicales ou à des séances de spiritisme. Capitalisant sur la peur et les dégâts avérés provoqués par la nourriture industrielle, chaque nouvel ingrédient – lait de cafard ou graine de chanvre – exorcise les craintes de notre époque.
Nombre de licences “green” sont dénoncées comme mensongères
“Chaque décennie a un rapport de croyance à sa consommation. Après l’extrême minceur, la culture du bio promet un équilibre miraculeux et une amélioration de soi perpétuelle”, remarque la peintre Chloé Wise, qui dénonce ce greenwashing dans sa dernière exposition chez Almine Rech, Of False Beaches and Butter Money, pour laquelle elle a sculpté de fausses briques de lait d’amande ou de soja se déversant sur du poisson cuit à la vapeur.
Car cette mode relève plus d’un marketing aux codes spirituels que de bienfaits attestés : nombre de licences “green” sont ainsi régulièrement dénoncées comme mensongères, tout comme les régimes hype type Dukan, aux résultats bien plus éloignés (et dangereux) que les promesses affichées.
Le retox – dans sa philosophie et non par les recettes énumérées plus tôt, un tantinet indigestes – refuse cette culpabilité judéo-chrétienne. Il va planter sa fourchette du côté de festivals type Taste of Paris ou organisés par le collectif Phamily First. Là, on y trouve des mets qui ne chercheront pas à tout prix à faire maigrir, mais qui sont aussi sains que savoureux. Un plat redevient juste une partie de plaisir, et c’est déjà beaucoup.
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