Sa demande est remontée jusqu’au président de la République. La réponse n’est jamais venue…
« Personne n’est jamais revenu vers nous », assure Carola Rackete dans un entretien accordé à L’Obs lundi 8 juillet. La capitaine du navire humanitaire Sea-Watch 3, qui a dérivé en mer Méditerranée pendant plus de 15 jours avec 40 migrants à son bord, affirme avoir demandé l’autorisation d’accoster à Marseille. Une requête qui n’a jamais abouti.
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Le silence de la France
Ne trouvant aucun port européen prêt à accueillir son bateau, l’activiste avait fini par forcer l’entrée du port de Lampedusa dans la nuit du 28 au 29 juin malgré l’interdiction imposée par le gouvernement italien. Un acte qui lui a valu une arrestation. Relaxée le 2 juillet par la justice italienne, elle a confié à L’Obs : « Si c’était à refaire, je le referais ». La capitaine avait pourtant demandé plusieurs autorisations d’accoster : à Malte, en Allemagne et à la France, en vain.
« Nous avions contacté le port de Marseille pour savoir si nous pouvions accoster. La demande a été transmise au préfet, jusqu’au président de la République, m’a-t-on dit. Mais personne n’est jamais revenu vers nous », a-t-elle raconté.
Carola Rackete déplore l’inaction des gouvernements européens qui « Non seulement ont arrêté de prendre en charge ces missions mais en plus criminalisent les ONG qui prennent le relais. Leur argument est que nous incitons à la traversée. Mais ce n’est pas vrai ! Quand les navires de sauvetage ne sont plus là, il n’y a pas moins de tentatives de traversée. Il y a juste plus de morts » « Ce que nous faisons avec nos bateaux de sauvetage est nécessaire », tonne l’activiste auprès de L’Obs. « Ce n’est pas un accident si ces gens meurent. C’est une décision politique. Non seulement l’UE regarde mais elle soutient les garde-côtes libyens. C’est un drame », a-t-elle précisé, mettant les pays européens face à leurs responsabilités.
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L’accueil des réfugiés, un sujet sensible entre la France et l’Italie
Sur la quarantaine de réfugiés que le Sea-Watch 3 transportait, dix seront accueillis en France d’après L’Obs. Mais, ce n’est pas la première fois que l’accueil d’un bateau humanitaire créé la polémique. La politique d’accueil de France a d’ailleurs déjà été remise en question. En 2018, l’accès au port de Marseille avait été refusé à l’Aquarius. Le bateau de l’ONG SOS Méditerranée transportait 626 migrants et avait finalement dû accoster en Espagne. Le président Macron avait, à l’époque, dénoncé « la part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien » qui refusait de prendre en charge les réfugiés de l’Aquarius. Ce à quoi le ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini avait répondu : « l’Italie n’a pas de leçon à recevoir de la France » rappelant que sur les 7.115 personnes que la France s’était engagée à prendre en charge depuis l’Italie, seulement 635 l’avaient vraiment été en 2018.
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