Carole Fives croque avec une grande justesse le quotidien d’une femme isolée avec son jeune fils et dont les rêves de liberté la poussent à fuir le domicile familial la nuit.
On a dit “les filles-mères” puis “les mères célibataires”. Désormais, on préfère “les solos”, qui jonglent entre les couches et les contrats. En France, il y aurait près de deux millions de ces femmes isolées et laborieuses – dont 30 % vivraient sous le seuil de pauvreté. La narratrice du roman de Carole Fives n’en est pas loin.
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Graphiste freelance, abandonnée par un lâche, elle élève son fils de 2 ans dans un petit appart des faubourgs lyonnais. Sans budget, sans famille et sans nourrice, elle vit à huis clos avec l’enfant et ses jouets de superhéros. Pour échapper à l’étouffement de ce quotidien quasi-cellulaire, quand son petit garçon dort la nuit, elle fugue. Chaque fois un peu plus tard, chaque fois un peu plus loin.
Comme dans La Chèvre de monsieur Seguin que l’enfant lui réclame chaque soir, elle tire sur la corde. Après son portrait tendre et grinçant d’une maman envahissante dans Une femme au téléphone (2017), l’auteure scrute encore la condition de mère contemporaine. Plus sociale, plus grave, elle lie avec finesse maternité, précarité et désir de liberté pour croquer une féminité fragile mais guerrière.
Tenir jusqu’à l’aube (L’Arbalète/Gallimard, 192 pages, 17 €)
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