Une femme amnésique découvre qu’elle est une agente dotée de pouvoirs surnaturels. Une série, efficace à défaut d’être originale, entre le thriller d’espionnage et le récit de super-héros.
Lorsque huit cadavres portant des gants en latex sont retrouvés au bord de la Tamise sans trace de blessure apparente, une branche secrète des services de renseignements britanniques s’empare de l’enquête. La nuit précédente, une femme fuyait la scène de crime sans aucun souvenir de son passé. Elle découvrait dans la poche de son manteau une lettre contenant des instructions capitales pour sa survie.
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Adaptée du roman Au service surnaturel de Sa Majesté de l’Australien Daniel O’Malley par Stephenie Meyer (l’auteure de Twilight) avant qu’elle ne quitte le projet durant le tournage, la mini-série The Rook opère une rencontre entre le thriller d’espionnage et la série de super-héros. Comme si les X-Men surgissaient des replis d’un puzzle narratif de John le Carré, les pouvoirs surnaturels s’invitent dans le chassé-croisé des agents secrets.
Jeu de piste
Au fil d’un jeu de piste dont elle a elle-même semé les indices avant de perdre la mémoire, notre héroïne amnésique rassemble les fragments de son identité disloquée : du nom (Myfanwy Alice Thomas) aux cicatrices et des collègues aux amant.e.s se dessine un personnage à la fois puissant et tourmenté.
Comme ses lointains cousins de la saga Jason Bourne ou de la bande dessinée XIII, elle se découvre des facultés hors du commun, à ceci près qu’elles se révèlent de nature télékinétique.
Si l’état d’étranger à soi-même constitue un point de départ parfait pour un thriller paranoïaque, l’interprétation de l’actrice principale Emma Greenwell, oscillant entre une fébrilité forcée et une crispation maladroite, empêche la série de se hisser à la hauteur de ses promesses psychologiques et d’explorer le vertige existentiel créé par l’apparition d’un double « je ».
Les deux faces de Londres
Autrement plus travaillé est le rapport qu’entretient la série à la ville où se nouent ses intrigues. Mis en scène par Kari Skogland, à qui on doit certains épisodes de The Handmaid’s Tale, les premiers épisodes explorent Londres à travers une face nocturne irisée de lumières colorées et une face diurne striée de lignes géométriques.
A l’instar de nombreux récits fantastiques, la capitale anglaise y constitue une nouvelle fois une surface de contact poreuse entre la société visible et un inframonde aux règles étonnantes.
Une série un peu trop sage
Malgré une intrigue solide et un univers intrigant, The Rook manque hélas d’originalité, ou du moins d’un panache qui la démarquerait des modèles du genre. Un peu trop sage, elle distille pourtant une mélancolie diffuse, comme si ses personnages étaient des figures d’un autre temps aux trajectoires déjà tracées.
C’est peut-être cette mélancolie qui étreint le spectateur et le pousse à apprécier quand même une histoire qu’on lui a déjà contée.
The Rook de Karyn Usher, Lisa Zwerling, Stephen Garrett, avec Emma Greenwell, Joely Richardson, Jon Fletcher. Sur Starz
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