Elle fait partie des nouveaux entrants au gouvernement suite au remaniement du 6 juillet : Roselyne Bachelot, ex-ministre de l’écologie et de la santé, issue de la droite, remplace Franck Riester à la rue de Valois. Retour sur son parcours.
C’est une ancienne ministre de la Santé qui a pris ses fonctions au ministère de la Culture le 6 juillet. Faut-il y voir un signe que le chef de l’Etat a pris la mesure de la gravité de la situation du monde de la culture, après la crise du Covid-19 ? Roselyne Bachelot, ancienne ministre de l’écologie (2002-2004) sous Jacques Chirac, et de la santé et des sports (2007-2010) sous Nicolas Sarkozy, aura donc la lourde tâche de mener à bien les politiques culturelles, après le passage mitigé de Franck Riester.
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“Jamais, jamais, jamais”
L’annonce de sa nomination a surpris, alors que l’ancienne députée RPR du Maine-et-Loire (1988-2002) avait juré ne plus jamais revenir en politique. “Roselyne Bachelot : 100 % reconvertie”, titrait même Libération en 2016, consacrant un portrait à l’ancienne ministre de droite devenue animatrice télé et radio. En effet, à l’époque, après un passage sur C8 (elle était chroniqueuse dans Le Grand 8), elle débarquait pour une libre antenne quotidienne sur RMC : 100 % Bachelot. D’actrice des politiques publiques, la chiraquienne passait alors de l’autre côté : commentatrice. En 2017, interrogée par Laurent Ruquier sur l’idée de revenir en politique, elle était formelle : “Jamais, jamais, jamais”, sa décision était “irrévocable”.
Seulement voilà, à 73 ans, l’appel de la politique – a fortiori le ministère de la Culture, un poste qu’elle convoitait déjà en 2010 – semble avoir été plus fort. Son amitié avec Jean Castex n’y est sans doute pas étrangère non plus. L’un de ses anciens conseillers à la Santé en a témoigné à L’Obs : “Ce sont de véritables amis. Je me souviens d’un déplacement dans le Sud-Ouest, à l’issue duquel on avait dû faire un détour un peu rock’n’roll par Prades, pour qu’elle aille claquer la bise à Jean Castex qui venait d’être élu maire.” Ils ont même l’habitude de se croiser au Festival Pablo Casals, un festival de musique classique organisé à Prades.
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Fan d’opéra
Car Roselyne Bachelot est une fan de musique classique et d’opéra. En 2013 elle avait publié Verdi amoureux (Flammarion), et, comme le rapporte Le Monde, elle voit à peu près 50 opéras par an. Elle a d’ailleurs présenté une chronique sur l’opéra pendant 4 ans (2016-2020) sur France Musique dans la matinale Musique Matin de Jean-Baptiste Urbain. “L’opéra me vole une soirée toutes les deux ou trois semaines. Mais c’est ma seule distraction, et j’y puise un tel ressourcement et une telle énergie que je fais mieux mon travail de ministre quand j’ai encore dans l’oreille la magie de telle ou telle voix. Et puis, j’aime discuter d’opéra avec des amis”, disait-elle en 2009.
Peu étaient les commentateurs à croire en son arrivée au ministère de la Culture en 2020. Mais l’image de Roselyne Bachelot a été métamorphosée dans le contexte de la crise du Covid-19. Sa gestion de la crise du H1N1 avait suscité des railleries (elle avait passé commande de 94 millions de doses de vaccin pour lutter contre la grippe A), sa prévoyance est vue sous un autre jour aujourd’hui. “Je suis une tenante de la politique des masques. Ce n’est pas au moment où la pandémie se déclare qu’il faut constituer des stocks”, avait-elle déclaré devant la commission d’enquête sur le Covid-19 le 1er juillet.
Restée dans les mémoires
Par ailleurs, Roselyne Bachelot est restée dans les mémoires pour avoir fait dissidence à droite en 1998 sur le Pacs (Pacte civil de solidarité). Elle avait été la seule à droite à voter en sa faveur, et avait prononcé un discours mémorable.
En 2010, alors ministre de la Santé, elle avait aussi fait passer un décret qui retirait “les troubles précoces de l’identité de genre” de la liste des affections psychiatriques. Pour autant, son parcours n’est pas sans bémols. Elise Lucet a récemment mis en évidence, dans un numéro de Cash Investigation consacré aux inégalités salariales entre les femmes et les hommes, les défauts du “protocole Bachelot”. Celui-ci visait à mettre en place une augmentation de salaire pour la profession d’infirmier, mais en contrepartie, l’âge de départ à la retraite devait être repoussé et la notion de pénibilité supprimée. L’échange était pour le moins tendu :
Désormais, il revient à cette “gaulliste sociale” de définir les modalités de l’année blanche des intermittents du spectacle, la réforme du statut d’artiste-auteur·e ou encore la taxation des Gafa…
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