A l’occasion de la sortie en librairie du n°29 de la revue d’art « HEY! Modern art & pop culture », Anne & Julien s’associent à la galerie parisienne Arts Factory pour inaugurer leur première expo-vente en galerie. Un rendez-vous immanquable pour tous les passionnés d’art populaire et underground.
Un an après l’acte III de l’expo’ HEY! à la Halle Saint Pierre à Paris, les grands spécialistes des contre-cultures Anne & Julien reviennent pour défendre leur revue HEY! et mettre en avant les nombreux artistes avec qui ils collaborent. Au programme, une expo-vente forcément hors-norme à la galerie Arts Factory : 37 artistes de 13 pays différents ont été réunis pour proposer près de 200 œuvres inédites sur papier, mais aussi des sculptures et tirages rares ou exclusifs. Un pur concentré d’art underground.
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« On ne montre que ce dont on est profondément amoureux. »
Lorsque nous la rencontrons dans son atelier parisien à quelques jours de l’inauguration de Hey ! Gallery Show #1, c’est avec une passion débordante qu’Anne évoque ce nouvel événement. Avec Julien – avec qui elle forme le duo le plus mythique et reconnaissable de la scène artistique underground française – ils sont spécialisés depuis plus de trente ans dans l’évocation et la défense d’artistes figuratifs pop pas comme les autres. Ceux qu’ils ont nommé, pour faire simple, les « outsiders pop », mais qui représentent en réalité une myriade de mouvements artistiques figuratifs contemporain, du lowbrow au tattoo-art en passant par le surréalisme pop, la sculpture, le street-art ou la bande dessinée.
En fondant HEY! il y a maintenant dix ans, l’objectif était simple: réunir et défendre cette pluralité d’artistes et de mouvements aussi surprenants que méconnus au sein d’une même revue, en se servant de leur marginalité comme d’un point de ralliement. En marge du marché de l’art et des critères esthétiques en vigueur, en marge aussi d’une pop culture sûrement trop occupée à synthétiser les besoins consuméristes, ces artistes trouvent en HEY! un précieux médium de diffusion. Et si Anne & Julien sont bien conscients du rôle unique qu’ils occupent au sein de ce paysage artistique au carrefour d’univers underground variés que l’on dirait parfois déviants, dérangeants, grotesques, hors-norme mais quelque part unis par une certaine idée de l’art populaire et de la contre-culture, tout ceci semble advenir dans la plus belle et la plus simple des nécessités :
« Il y a une certaine forme d’art ou d’expression qui nous a ouvert à la vie, et qui nous maintient vivant depuis qu’on est adolescent. C’est ce type d’artistes là que l’on suit, que l’on déniche, que l’on défend, tout simplement… »
« Permettre à tous de s’entourer de belles choses. »
La revue papier est en ce sens un merveilleux médium selon Anne, qui avoue aussi être passionnée par l’écriture. Un médium qui nécessite au final presque le même travail que celui qu’ils réalisent en tant que commissaire, tant le travail de recherche des artistes, de suivi, de découverte, de choix et d’organisation peut paraitre semblable à celui que nécessite la mise en place d’une expo. Néanmoins, il serait totalement impensable pour le duo de se suffire au papier. « Il faut lier les gens aux oeuvres nous dit Anne, rendre régulièrement tangible ce que l’on défend avec notre revue ».
Organiser cette première expo-vente à la Arts Factory, avec qui ils entretiennent une réelle relation de cousinage dans le monde des contre-cultures depuis des années, est alors quelque chose de très important pour eux, comme pour les artistes choisis. Et ce tant d’un point de vue humain, artistique, politique que commercial :
« Car quand tu n’as pas un groupe de gens qui réussissent à se fédérer d’un point de vue idéologique, il est impossible de bâtir quelque chose de saint. Tu ne peux bâtir que des châteaux de carte, et c’est l’artiste qui en payera les frais. »
L’aspect commercial de l’événement n’est donc absolument pas tabou pour eux. Au contraire, permettre à ces artistes souvent très underground et parfois totalement méconnus du public, de pouvoir vivre de leur art et de pouvoir continuer à les éblouir avec de nouvelles oeuvres, est au centre de leurs préoccupations.
« Il existe beaucoup de gestes très différents dans le milieu de l’art, qui rapportent parfois beaucoup d’argent. Des gestes et des postures que l’on ne veut ni s’approprier, ni habiter. Mais il existe aussi un argent saint dans l’art, un argent nécessaire. Et HEY! existe aussi pour montrer que ce que certains artistes croient impossibles est en fait réalisable. Si tu penses que tu es artiste mais que tu as peur de l’être, nous on te démontre que cette vie là est possible pour toi, et que c’est cette vie là que tu dois choisir parce que tu vas t’épanouir dedans. »
Et pour tous ceux qui ne sont pas artistes mais qui aiment l’art sans avoir le sou, cette expo-vente permet aussi de prouver qu’il n’y a pas besoin d’être millionnaire pour collectionner ou se procurer des oeuvres. Non seulement la vente d’œuvres à bas prix fait pleinement partie du concept de la galerie Arts Factory, mais Anne & Julien ont aussi demandé à des artistes confirmés ou non de proposer ne serait-ce que du print signé, pour très peu cher.
« Parce que quand on a vingt balais et qu’on adore un artiste, qu’on le suit non-stop sur le net ou dans HEY!, et bien c’est très important pour moi de pouvoir se procurer facilement un objet signé de sa main. C’est quelque chose qui a beaucoup de valeur pour moi, une valeur poétique que je veux rendre accessible à tous. Ça fait partie de notre travail. »
HEY! Galery Show #1 jusqu’au 22 avril à la Art Factory, 27 rue de Charonne 75011 Paris
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