Des sous-vêtements pour toutes les formes et carnations : de nombreuses marques font de la lingerie, souvent vue comme sexiste, une extension de la représentation du désirable et de l’affirmation de soi.
Pour cette jeune femme, les sous-vêtements semblent agir comme la cape d’une superhéroïne : une puissance activée par le vêtement. Les pièces proviennent de Savage x Fenty, la ligne de lingerie de Rihanna, qui après sa marque de beauté inclusive Fenty Beauty propose une offre aussi simple que tristement absente du marché.
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Des produits déclinés en toutes tailles et à destination de toutes les carnations. Sans parler de son sex-appeal assumé : transparence, dentelles, références aux pin-up, la marque refuse de passer par un vocabulaire infantilisant façon Lolita, ni par la fonctionnalité habituellement réservée aux grandes tailles.
https://www.instagram.com/p/BkjR791g74v/?hl=fr&taken-by=savagexfenty
Fluidité de genre et mannequins non retouchés
RiRi n’est pas la seule à percevoir les questions sociétales enfouies dans ce vêtement destiné à l’invisibilité. Les Girls Les Boys est une griffe de sous-vêtements fluide, qui évite une binarité dans ses coupes et ses teintes. Décrite comme “bed-to-street”, elle inscrit le quotidien dans la continuité de son intimité.
Neon Moon, fait par et pour les femmes, présente pour sa part des mannequins non retouchés, à la pilosité et à la cellulite assumées, sans push-up ou autre coupe dictant courbes et minceur de rigueur. Quant à Under The Root, marque éthique, elle ne se refuse pas des notes bondage et s’ouvre à tous les genres de pratiques.
Exit le male gaze
Leur point commun ? Tous ces labels se perçoivent du côté des femmes et non du point de vue du regard masculin. Une évolution nette, donc, de l’histoire féministe qui considérait que le sous-vêtement était par essence sexiste. Descendant direct du corset, le soutien-gorge restait le symbole d’une entrave. C’est donc sans surprise que les militantes des années 1960 brûlaient en masse les leurs en signe de libération.
De la lingerie fine peut-elle être féministe ? Dans le cas de Savage x Fenty, elle étend la représentation du désirable à des corps autrefois niés ou ostracisés. Porter de la lingerie sexy aurait un effet performatif, transformatif, qui permettrait de reprendre le contrôle du jeu de rôle qu’est l’identité.
https://www.instagram.com/p/BjsFX5whxFS/?taken-by=neonmoonco
Pour l’écrivaine féministe Camille Paglia, “le sexe est l’animalité, et l’artifice, une interaction entre nature et culture”. Entre intellect et physicalité, cette frontière permet de rédiger notre propre contrat entre notre corps et notre genre.
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