Dimanche 28 juin, se tiendra (enfin) le deuxième tour des élections municipales. Focus sur 5 villes où la campagne aura été marquée par beaucoup de suspens et de revirements.
A Lyon, la vague verte déferle
Lyon aura sûrement été l’une des métropoles dont la campagne pour les municipales aura été la plus animée, notamment en raison du nombre conséquent de jeux d’alliances. Le 15 mars dernier, lors du premier tour, les Verts semblaient en bonne voie pour remporter la ville tenue par Gérard Collomb depuis 2001. En effet, Grégory Doucet, le candidat EELV a remporté 28,46 % des scrutins, loin devant Etienne Blanc (LR) avec 17,01 % et Yann Cucherat (LRM) qui a obtenu 14,92 % des scrutins.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le 29 mai dernier, Gérard Collomb annonçait le retrait de sa candidature à la métropole de Lyon au profit de celle de François-Noël Buffet (LR), à qui il s’est rallié en vue de bloquer la potentielle victoire d’EELV et de la gauche aux élections municipales. En échange, Yann Cucherat, poulain de l’ancien ministre de l’Intérieur, est devenu la tête de liste de cette fusion pour le second tour avec la liste d’Etienne Blanc, candidat LR originel, qui a accepté de lui laisser ce poste. Un virage à droite de Gérard Collomb qui a suscité l’incompréhension du côté de LREM – qui a ensuite retiré l’investiture de Collomb et Cucherat.
Le second tour opposera donc Grégory Doucet, candidat EELV allié à la gauche, Yann Cucherat ex-LREM allié à LR et enfin, Georges Képénékian, dissident LREM qui présente sa liste comme étant indépendante. Selon un sondage Ufop-Fiducial commandé par Lyon-Capital et Sud Radio publié le 22 juin dernier, les Verts alliés aux gauches lyonnaises arriveraient en tête des scrutins avec 37 % d’intentions de votes contre 32 % pour la liste LR. Un résultat qui, s’il est avéré, marquerait un tournant historique pour la ville lumière.
>> A lire aussi : Ce qu’il faut retenir du premier tour des municipales
Anne Hidalgo, de retour pour un second mandat à Paris ?
À Paris, trois têtes de liste majeures doivent être départagées. Lors du scrutin du 1er tour, Anne Hidalgo (PS), candidate à sa propre succession, était arrivée en tête avec 29,33 %, contre 22,72 pour Rachida Dati (LR) et 17,26 % pour Agnès Buzyn. Si la maire actuelle de la capitale apparaît comme clivante et que beaucoup s’insurgent contre sa volonté de piétonniser beaucoup d’endroits dans Paris, celle-ci maintient son cap axé sur l’écologie. D’autant plus qu’elle s’est alliée avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV), en vue du second tour. Anne Hidalgo a d’ailleurs laissé entendre que si elle était réélue, la plupart des chaussées parisiennes seraient désormais limitées à 30 km/h et la vitesse autorisée sur le périphérique, passerait de 70 à 50km/h.
Du côté de LREM, la campagne municipale a eu tout d’un soap opera, avec deux événements majeurs qui ont conduit le parti présidentiel à désigner l’ancienne ministre de la Santé comme candidate. En cause : le retrait de Benjamin Griveaux suite à la révélation de messages à caractères sexuels envoyés par ce dernier mais aussi l’annonce de la candidature de Cédric Villani, dissident LREM.
Pour ce qui est de Rachida Dati (LR), cette dernière obtiendrait, au second tour, 35 % des voix, soit 9 % de moins que le duo Anne Hidalgo et David Belliard (EELV), selon un sondage Elabe-Berger Levrault, publié mercredi 24 juin sur BFMTV.
Le débat opposant les trois candidates qui devait se tenir mercredi 24 juin sur BFMTV, a finalement eu lieu le jeudi 25 juin. Les images de l’échange houleux entre Rachida Dati et Agnès Buzyn lors du précédent débat, le 17 juin dernier, avaient fait le tour des réseaux sociaux.
>> A lire aussi : Comment réformer la police pour éradiquer les violences policières
Après 25 ans de Jean-Claude Gaudin, Marseille bientôt à gauche ?
Après 25 années en tant que maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (LR) va quitter ses fonctions. Mais qui pour le remplacer ? Si une partie des partisans du premier édile de la ville ont reporté leurs voix sur Martine Vassal (LR), désignée pour briguer le mandat à droite, celle-ci n’est arrivée qu’en deuxième position (22,32 % des voix), au coude à coude derrière Michèle Rubirola, ex EELV, à la tête de la liste d’union de la gauche « Le printemps marseillais », qui a obtenu 23,44 % des voix. Après le 1er tour, EELV est le seul parti à avoir noué une alliance avec Le printemps marseillais, qui réunit les socialistes, les communistes et les insoumis. Le 15 mars dernier, EELV avait obtenu 8,94 %. Il y a donc de fortes chances pour que ce deuxième tour marque un tournant historique pour la cité phocéenne, dont la mairie est à droite depuis 1995.
>> A lire aussi : Politique et coming out : « J’avais envie que cette visibilité existe »
A Toulouse, le coude à coude de LR et des Ecologistes
Qui d’Antoine Maurice, candidat EELV, et du maire sortant Jean-Luc Moudenc (LR), sortira victorieux du scrutin de la ville rose ? À seulement quelques jours du second tour, le suspense est à son comble. Si l’écart de voix était plus net au 1er tour (36,19 % pour le candidat de la droite et 27,57 % pour l’écologiste), un sondage Ifop/Fiducial paru mercredi 24 juin dans La Dépêche rebat les cartes et laisse entrevoir une victoire d’EELV. En effet, l’écart entre les deux candidats encore en lice pour le deuxième tour n’est que de 1 %. Selon ce sondage, Antoine Maurice serait crédité de 50,5 % d’intentions de votes contre 49,5 % pour Jean-Luc Moudenc.
Comme le souligne La Dépêche, ce scénario est très similaire à celui qui opposait Pierre Cohen (PS) à Jean-Luc Moudenc (LR), lors des élections municipales de 2008. A l’époque, le candidat socialiste avait gagné la ville de Toulouse, à seulement « 1 200 voix » de différence. Rien n’est joué pour cette année, et la tension risque de durer jusqu’à l’annonce officielle des résultats.
Martine Aubry en cavalière seule pour conquérir Lille
Pour la première fois depuis 2001, année où elle a débuté son mandat en tant que maire de Lille, Martine Aubry s’engage dans le second tour sans le soutien d’EELV, avec qui les tensions ont été nombreuses. Comme le révélait Médiacités, une conférence de presse, organisée en visioconférence par la liste Lille Verte le 16 avril dernier pour faire des propositions liées au confinement et à la gestion de la crise sanitaire, a été la goutte de trop. Martine Aubry n’avait visiblement pas été tenue au courant et avait expliqué ne pas pouvoir « travailler avec des gens en qui [elle n’avait] pas confiance ».
Cette rupture va-t-elle avoir un impact sur les résultats du second tour des élections municipales ? Cela reste à voir. Au premier tour, Martine Aubry était arrivée en tête avec 29,80 %, suivie par Stéphanie Belly, candidate EELV qui avait obtenu 24,53 % des suffrages et enfin, Violette Spillbout (LREM) avec 17,53 % des voix. Cette dernière n’est autre que l’ancienne cheffe de cabinet de l’édile lilloise. Selon un sondage commandé par la candidate LREM et publié le 24 juin dernier, les scores, bien que serrés entre les trois candidat·es pour le second tour donnent tout de même Martine Aubry en tête, avec 38 %. Derrière elle, Stéphane Baly d’EELV est crédité de 34 % des voix contre 28 % pour Violette Spillebout de la République en Marche.
>> A lire aussi : Ludivine Bantigny : “On sent le gouvernement aux abois”
{"type":"Banniere-Basse"}