Dans une enquête publiée ce mercredi 24 juin, Mediapart dévoile une lettre signée le 1er juillet 2019 par le président en faveur de son collaborateur Alexis Kohler, alors visé par une enquête préliminaire pour conflit d’intérêts et prise illégale d’intérêts. D’après les informations du site, cette missive avait été transmise au Parquet national financier (PNF).
Une atteinte à la séparation des pouvoirs ? Mediapart révèle ce mercredi 24 juin comment une lettre écrite de la main d’Emmanuel Macron a été transmise au Parquet national financier (PNF) le 1er juillet 2019 par l’avocat d’Alexis Kohler, proche collaborateur du président. Le secrétaire général de l’Elysée était alors visé par une enquête préliminaire pour conflit d’intérêts et prise illégale d’intérêts car soupçonné de ne pas avoir rendu public ses liens familiaux avec la famille Aponte, actionnaire majoritaire de MSC, précise le site d’information. “Ce groupe, très opaque, de transport dépend beaucoup des aides publiques et Alexis Kohler, dans ses diverses fonctions, a été amené à prendre position sur ce dossier au nom de l’Etat”, indique l’enquête.
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Le premier rapport de police publié le 7 juin 2019 est sans appel. Il explicite clairement que le secrétaire général de l’Elysée “n’a pas déclaré son lien familial dans sa déclaration d’intérêts de janvier 2014”, selon un extrait que s’est procuré Mediapart. “Dès sa prise de fonction, le rapporteur de la commission de déontologie lui conseille d’organiser un déport officiel sur les questions concernant MSC. Or il ne met rien en place […] Rien ne démontre à ce stade de la procédure qu’Alexis Kohler n’ait pas supervisé ou donné des avis sur les opérations impliquant STX et MSC. Toutes les informations lui remontaient”, peut-on lire en outre dans le document publié par le média.
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Un deuxième rapport différent du premier
Mais le 1er juillet 2019, une lettre écrite par Emmanuel Macron à l’intention d’Alexis Kohler a été transmise au PNF par l’avocat du mis en cause, dans laquelle le président affirme que son collaborateur aurait porté à sa connaissance ses liens familiaux avec la famille Aponte. Le courrier indique en outre que Kohler aurait demandé au chef de l’Etat de “ne jamais avoir à traiter des dossiers et questions concernant cette société”.
Le 18 juillet 2019, soit deux semaines après l’envoi de cette missive, un second rapport de police est publié et n’a rien à voir avec celui rédigé le 9 juin : “Alexis Kohler avait informé dès sa prise de fonction le ministre de ses liens de parenté (…) L’organisation du cabinet le rendait destinataire à titre d’information des notes de la DGT et de l’APE, ainsi que des mails concernant la société STX. Il relevait de sa fonction de valider et d’organiser les rendez-vous et réunions pour le ministre, en liaison avec ce dernier.” Le dossier avait finalement été classé sans suite en août 2019.
Mediapart précise avoir sollicité l’Elysée qui a répondu que l’institution n’avait “pas de réponse” à leurs questions. Puis, une fois l’article publié, le parquet général a transmis ses réponses aux questions posées en amont par Martine Orange, journaliste à l’origine de l’enquête. Dans ses réponses, il justifie la décision de classement sans suite qui “a été prise par le magistrat en charge de l’enquête au PNF à l’issue d’une analyse juridique au sujet de laquelle le parquet général n’a pas présenté d’observation”.
Mise à jour du 25 juin 2020 : Comme le souligne le Huffington Post, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement s’est exprimée mercredi 24 juin lors du compte-rendu du conseil des ministres, à propos des actions d’Emmanuel Macron dans l’affaire Kohler. Selon elle, le chef de l’État “considère que ne pas verser ce document aurait été priver l’intéressé d’un exercice normal et légitime de ses droits de la défense”.
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